Actualités 16.04.2014

Le Parlement européen approuve la directive insuffisante sur les marchés financiers

Hier, le Parlement européen a approuvé une nouvelle version de la directive sur les marchés d'instruments financiers (MIF). Les spéculations excessives pesant sur les plus pauvres devraient donc être endiguées mais, à y regarder de plus près, cet objectif risque de ne pas être atteint.

La directive sur les marchés d'instruments financiers, MIF II, négociée entre la Commission européenne, le Conseil européen et les députés a été votée hier soir au Parlement européen. Selon les estimations de foodwatch, il est désormais définitivement stipulé que la spéculation excessive sur les denrées alimentaires de base peut se poursuivre. L'UE et les Etats membres ont rompu leur engagement de réussir enfin à maîtriser les marchés financiers et de stopper la spéculation sur les denrées alimentaires de base.

Les faiblesses fondamentales du texte

En substance, foodwatch met en évidence trois faiblesses fondamentales du texte empêchant la règlementation effective de la spéculation agricole :

  1. Une limitation du nombre des contrats spéculatifs est certes prévue grâce aux « positionslimits ». Cependant ceux-ci ne sont pas fixés par une autorité centrale européenne mais par chaque État lui-même. Une compétition entre les États membres/les bourses s'instaure donc et c'est à celui qui imposera la réglementation la plus faible. En effet, les pays accordant des volumes d'échange particulièrement élevés aux investisseurs, attirent la majeure partie des capitaux financiers tout en créant de nouveaux emplois et en bénéficiant de recettes fiscales.
  2. Les grandes entreprises qui, contrairement aux banques et aux assureurs, ont un réel intérêt à recevoir de la marchandise physique, sont complètement libérées des « position limits » (limites de position). Pourtant, des grands groupes, comme dans le secteur de l'aéronautique ou de l'énergie, spéculent depuis longtemps à grande échelle, à l'instar des banques, dans les bourses à terme et peuvent ainsi manipuler les prix.
  3. Une grande partie du commerce hors bourse reste donc voilée en raison d'un nombre insuffisant de directives sur la transparence. Les autorités de surveillance n'ont aucune vue d'ensemble sur les engagements contractuels conclus sur les marchés. Il est impossible de déterminer avec précision les « position limits » (limites de position).

(photo: Elena Schweitzer - fotolia.com)