Actualités 03.03.2016

Interdiction du glyphosate : la balle est dans le camp du gouvernement

Le sort du glyphosate en Europe, composant principal du Roundup de Monsanto et pesticide le plus vendu au monde, pourrait être scellé dans les prochains jours. La Commission européenne propose de prolonger son autorisation pour les 15 années à venir. Une position qui va totalement à l’encontre du principe de précaution ancré dans les traités européens et qui sert à protéger les citoyens en cas d’incertitude sur la nocivité d’une substance. La France, comme tous les gouvernements des Vingt-Huit, enverra dans quelques jours des experts à Bruxelles qui devront approuver ou non la proposition de la Commission.

Ségolène Royal rencontrait ce mercredi 3 mars 2016 le Commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis pour parler pesticides. A cette occasion, la France peut et doit se positionner pour une interdiction du glyphosate. foodwatch, la Ligue contre le cancer et Générations Futures appellent S. Royal, ministre de l’Environnement, mais aussi S. le Foll, ministre de l’Agriculture, à donner un mandat clair aux experts français : le glyphosate doit être purement et simplement interdit. Tous deux doivent peser de tout leur poids sur le vote du comité d’experts des Etats membres qui se réunira les 7 et 8 mars prochains et dont l’issue sera décisive.

D’après des documents que foodwatch a pu se procurer, la Commission européenne propose un renouvellement du glyphosate alors même qu’il est considéré comme probablement cancérogène chez l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Dans son évaluation de mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer estimait qu'il existe des preuves démontrant une association entre l'exposition au glyphosate et le développement de cancers tels que le lymphome non hodgkinien et le cancer du poumon. L’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), en octobre dernier, parvenait à des conclusions différentes et minimisait celles du CIRC sans pour autant dévoiler l’ensemble des études sur lesquelles se base son évaluation. Les avis divergent donc et des doutes scientifiques sérieux persistent concernant le glyphosate.

Des dizaines de milliers de citoyens se sont d’ores et déjà mobilisés via la pétition commune de foodwatch, Générations Futures et la Ligue contre le cancer, pour demander à la Commission européenne d’appliquer strictement le principe de précaution. Au niveau national également, le gouvernement doit prendre toute la mesure du risque - aujourd’hui en France, plus de 10.000 tonnes de glyphosate sont utilisées chaque année.