Actualités 18.05.2018

Journée européenne de l’obésité : la campagne réalisée avec le soutien du Gouvernement est complètement hors sujet

A l’occasion de la Journée européenne de l’obésité, foodwatch dénonce une campagne qui culpabilise les consommateurs au lieu de cibler les vrais responsables que sont les industriels de la malbouffe. En France, un enfant sur six est obèse ou en surpoids. foodwatch s’indigne de voir le logo du Gouvernement sur des affiches qui invitent les personnes obèses à « bouger leur corps ». Pour foodwatch, les pouvoirs publics se trompent de cible et de moyen. Ils devraient plutôt saisir l’opportunité de la loi Agriculture et Alimentation en cours de discussion à l’Assemblée pour réglementer la publicité et le marketing des produits alimentaires trop sucrés, trop gras, trop salés qui ciblent les plus jeunes.  

Certes, bouger est bon pour la santé. Mais ce n’est pas la seule solution pour enrayer l’épidémie d’obésité et de surpoids. Le Gouvernement le sait bien puisqu’il soutient l’apposition d’un logo nutritionnel à l’avant des produits alimentaires (Nutri-score) et il a inscrit dans la stratégie nationale de santé publique 2018-2022 la nécessité « de limiter l’influence de la publicité et du marketing alimentaire sur les enfants en les réglementant et d’encadrer la promotion des marques associées à des aliments peu favorables au plan nutritionnel ». Le Trésor public a d’ailleurs estimé à 20 milliards d’euros le coût social de la surcharge pondérale en 2012. 

Pourtant, la campagne d’affichage coordonnée par le CNAO (Collectif national des associations d’obèses) à l’occasion de la Journée européenne de l’obésité, avec le soutien du Gouvernement et de nombreux partenaires privés fait porter toute la responsabilité sur le comportement des personnes souffrant d’obésité avec des messages tels que : « Contre l’obésité, bougez votre corps pour être au cœur de votre santé ». 

Le problème est ailleurs. L’industrie agroalimentaire a bel et bien une responsabilité dans l’épidémie de maladies chroniques comme le diabète et l’obésité. Il est urgent de leur fixer des règles, notamment en encadrant la publicité ciblant les enfants, sur tous les supports, pour les produits trop sucrés, trop gras, trop salés. Au lieu de culpabiliser les gens sur leur manque d’exercice, l’Etat et les responsables politiques devraient plutôt les protéger des excès des industriels de la malbouffe.

Le projet de Loi Agriculture et Alimentation offre une formidable opportunité. Plusieurs députés, y compris de la majorité, soutiennent un amendement pour ancrer cet encadrement de la publicité et du marketing. A ce stade, le Gouvernement y semble plutôt opposé, pour privilégier les engagements volontaires des entreprises. Une position incompréhensible, tant les études démontrent que compter sur le bon vouloir de chartes volontaires est inefficace ! Les pétitions lancées par foodwatch sur LULU L’Ourson et Capri-Sun Multivitamin en donnent des exemples concrets. 

Enfin, foodwatch s’indigne de constater que le Gouvernement s’associe à une campagne parrainée par l’association internationale des édulcorants (ISA, International Sweeteners Association) qui représente les intérêts des industriels. Cette association a annoncé fièrement son partenariat avec le Collectif national des associations d’obèses dans un communiqué accompagné d’une vidéo qui, elle aussi, invite les personnes obèses à faire plus d’activité physique. La vidéo se termine par : « Et n’oubliez pas, profitez du goût sucré en remplaçant une partie du sucre avec des édulcorants hypocaloriques ». Or, l’Anses estimait en 2015 « qu’il n’existe pas d’élément probant permettant d’encourager la substitution du sucre par des édulcorants intenses dans le cadre d’une politique de santé publique ».