Après deux reports de décision, la Commission européenne a proposé lundi 6 juin aux Etats membres une prolongation de l’autorisation du glyphosate pour 12 à 18 mois... sans succès. Ce laps de temps devait permettre à l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) de remettre un avis. La France, qui s’était engagée à voter contre le glyphosate, s’est finalement abstenue. Pour foodwatch la question ne se pose même plus : puisqu’il est considéré comme probablement cancérogène pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), le glyphosate doit être interdit.
Ce qui devait passer comme une lettre à la poste est en train de devenir un boulet pour la Commission européenne. Car le doute s’est enfin immiscé parmi les Etats membres qui ne sont pas parvenus à se mettre d’accord pour prolonger l’autorisation du glyphosate en Europe, même pour quelques mois. C’est un bon signe, mais compte tenu des menaces pour la santé, ce feuilleton interminable doit cesser. Il faut protéger la santé des citoyens, appliquer sans tarder le principe de précaution et donc bannir cette substance.
On peut déplorer l’abstention de la France alors même que Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, s’était récemment engagée à voter « non ». 6 autres Etats membres se sont abstenus : l’Allemagne, l’Italie, la Grèce, le Luxembourg, l’Autriche, le Portugal. Seule Malte a voté contre, tous les autres pays soutenant la proposition de la Commission.
Prochaine étape : un comité d’appel présidé par la Commission qui devrait trancher le 23 juin. Alors que les lobbies de l’industrie chimique se lamentent de la politisation du débat, la Commission, elle, joue la montre en se réfugiant derrière un avis de l’ECHA. L’exécutif européen doit tirer les conclusions de cette impossibilité de parvenir à une majorité qualifiée. Rappelons que l’autorisation du glyphosate, principale substance active déclarée du Roundup de Monsanto, expire le 30 juin prochain.