Actualités 18.10.2018

Contrôles et scandales alimentaires : le gouvernement sait mais se tait. Ça suffit !

Les chiffres des enquêtes officielles réalisées dans le secteur alimentaire en France font froid dans le dos. Une huile d’olive sur deux est non-conforme. 81% du safran contrôlé présente des anomalies. Du soda consommé par les enfants contient un colorant interdit en Europe. Des produits bio contiennent du riz OGM, etc. Nous n’avons pas accès à l’information : qui sont les fabricants, les marques qui trichent ou nous exposent à un risque pour la santé ? Nous réclamons cette transparence aux autorités depuis des années, sans succès. Nous avons le droit de savoir. Nous passons donc à l’offensive en lançant une pétition. 

A chaque fois que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes communique ses chiffres étonnants sur les anomalies dans le secteur agroalimentaire, la question nous taraude : qui sont les fabricants, quelles sont les marques qui trompent sur la marchandise et/ou nous exposent à un risque pour la santé ? Les ministères de l’économie et de l’agriculture savent mais se taisent. Il est impossible pour les consommateurs et consommatrices d’accéder à cette information. Lassée de cette opacité qui permet aux tricheurs de continuer à magouiller dans l’ombre, nous lançons aujourd’hui une pétition réclamant la totale transparence sur ces contrôles. Nous exigeons la publication des résultats (y compris pour les fabricants vertueux), des noms des entreprises concernées, des marques, des mesures correctives et des sanctions.

En 2014, l’alarmant rapport de la Cour des comptes qui épinglait le Ministère de l’agriculture demandait – déjà – la publicité des résultats des contrôles sanitaires. La Direction générale de l’alimentation reconnaissait que cela inciterait « les professionnels à être encore plus précautionneux ». Le Ministère de l’agriculture communique certes sur certains contrôles d’hygiène avec son programme Alim’confiance mais force est de constater que nous sommes encore très loin de la transparence nécessaire.

En France, une huile d’olive sur deux est non-conforme. 81% du safran contrôlé présente des anomalies. Du soda consommé principalement par les enfants contient un colorant interdit en Europe. Pourtant, aucun rappel de ce produit n’a été effectué. Il y a trop de mycotoxine (moisissure) dans du jus de pomme et différentes farines. Un beurre fermier sur deux est trop chargé en eau. Du riz génétiquement modifié a été décelé dans un produit bio. Sur le terrain, les contrôleurs veillent au grain, repèrent les contrevenants et les rappellent à l’ordre. Mais de très nombreux industriels de l’agroalimentaire n’ont aucun scrupule à tromper les consommateurs, encore et encore.

En refusant de nous donner les informations sur les magouilles des fabricants alimentaires, c’est un peu comme si les autorités nous demandaient de continuer à consommer les yeux fermés, malgré les produits frauduleux, interdits ou mensongers qui emplissent nos placards. Et bien, nous disons : ça suffit. Nous avons le droit de savoir qui est honnête et qui triche.

Le récent scandale de la listeria dans les légumes surgelés est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. foodwatch a en effet révélé que le scandale Greenyard de l’été dernier concernait également la France. Car la souche de listeria trouvée dans une usine française il y a plus d’un an est liée à la souche responsable de l’épidémie qui a fait neuf victimes en Europe. Interpellé par foodwatch lors d’un rendez-vous, le Ministère de l’agriculture a confirmé mais refuse de communiquer le nom du fabricant, la marque. Circulez, il n’y a rien à voir. Même fin de non-recevoir du côté du Ministère de l’économie.

Or en théorie, la législation alimentaire de l’Union européenne – le règlement (CE) 178/2002 – est censée offrir aux consommateurs un niveau élevé de protection dans le domaine de l’alimentation. En théorie seulement. Dans les faits, les scandales alimentaires s’enchaînent, les informations sur les emballages induisent en erreur, et les consommateurs n’ont que peu de recours pour lutter contre l’opacité et l’impunité. Cela doit changer : la législation alimentaire de l'UE doit aussi obliger les autorités à informer le public rapidement et de manière exhaustive – en divulguant les noms des fabricants et des produits, tant en cas de risques pour la santé qu'en cas de fraudes. C’est l’une des huit revendications exposées dans le nouveau rapport de foodwatch présenté aujourd’hui à Bruxelles « Lost in the supermarket » qui pointe du doigt les failles de la réglementation européenne et appelle à sa révision (vidéo).