Actualités 07.10.2025

Marketing et malbouffe : 8 produits laitiers trop gras, sucrés, salés, ultra-transformés… vendus pour les enfants

foodwatch épingle 8 produits laitiers pour les enfants, yaourts ou fromages, trop gras, trop sucrés, trop salés, et pourtant souvent vendus comme des alliés pour bien grandir et se faire plaisir. Appartenant à des marques bien connues, comme Danonino, Kiri Goûter, Babybel, ou encore Nesquik, ces produits sont marketés pour plaire aux enfants alors qu’ils sont déséquilibrés pour leur santé. L’OMS a pourtant fixé des critères stricts sur le marketing ciblant les enfants, ignorés par les industriels faute de règles contraignantes, tandis que les gouvernements successifs n’ont pas eu le courage de prendre cette simple mesure pour protéger la santé des plus jeunes : interdire le marketing qui les cible directement.   

Babybel, Smarties, Danette, P’tit Louis… les 8 produits laitiers épinglés par foodwatch

En septembre, foodwatch a repéré dans les supermarchés 8 produits laitiers vendus pour la rentrée des enfants. Leurs points communs ? D’un côté, un marketing fait pour les enfants, tout en couleurs, avec des mascottes rigolotes sur l’emballage, des jeux au dos des paquets, des partenariats avec les héros de leurs dessins animés préférés et des petites portions ou des gourdes à glisser dans les cartables et à manger au goûter. De l’autre, à rebours des recommandations de santé, ces produits sont très gras, très sucrés et/ou très salés, et pour 7 d’entre eux, ultra-transformés (selon la classification NOVA calculée par Open Food Facts). Selon les critères de l’OMS, les stratégies marketing doivent disparaître de chacun de ces produits pour protéger la santé des enfants. 

Aliments ultra-transformés : quel est le problème ?

Ils sont largement promus par l’industrie agroalimentaire. Pourtant, de plus en plus de travaux de recherche établissent un lien entre la consommation excessive de ces produits et de graves problèmes de santé, comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaire ou encore l’hypertension.

LIRE LE DOSSIER

8 produits laitiers à rebours des recommandations de santé

Que disent les recommandations de santé ?  

L'alimentation des enfants constitue un déterminant de santé majeur. Les habitudes alimentaires prises pendant l’enfance entraînent des répercussions sur la santé tout au long de la vie. Santé Publique France recommande de consommer 3 produits laitiers par jour pendant l’enfance et l’adolescence. Les marques se cachent et induisent en erreur en surfant sur cette recommandation mais tous les produits laitiers ne sont pas égaux. Alors qu’en est-il des produits laitiers épinglés par foodwatch ?  

7 sur 8 sont ultra-transformés. Dans un guide à destination des parents, l’Agence nationale de santé publique précise aussi très clairement d’en limiter la consommation, indiquant :  

Ils sont souvent gras, sucrés ou salés. Ils contiennent aussi de nombreux additifs comme les colorants, émulsifiants, conservateurs, que l’on retrouve dans la liste des ingrédients avec un code composé de la lettre E suivie de trois chiffres. Parce qu’on ne connaît pas encore précisément leur impact sur la santé humaine, il est conseillé de réduire leur consommation et de privilégier par précaution les produits sans additifs ou avec la liste d’additifs la plus courte.

Dans une enquête publiée en septembre 2025, 60 millions de consommateurs alertait sur la surreprésentation des produits ultra-transformés dans les aliments vendus pour les enfants. 

De même, les recommandations précisent - « Les fromages fondus et à tartiner sont le plus souvent riches en matières grasses et en sel et apportent peu de calcium. » Cela semble être le cas des Kiri Goûter par exemple.  

On peut aussi lire dans ce guide, et on pense aux P’tites Danettes et aux Nesquik Petit : « Attention, les crèmes desserts, flans, etc. ne sont pas des produits laitiers. Ils contiennent en général trop peu de lait et sont souvent très sucrés. Si vous en donnez de temps en temps à votre enfant, évitez ceux qui ont un Nutri-Score D ou E. »  

Santé Publique France recommande plus généralement de réduire le sel et le sucré ajouté pour les enfants.  

De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé a établi des recommandations très claires pour indiquer si un produit peut, ou non, être marketé pour les enfants. L’objectif ? Définir si, selon ses taux de gras, de sucre et de sel, et ses calories, un produit est suffisamment équilibré pour arborer sur son emballage des personnages rigolos, des mascottes, des jeux ou encore être promu spécialement pour les enfants. Bilan pour les 8 produits épinglés par foodwatch : aucun ne devrait faire l’objet de marketing qui cible les enfants. Tous dépassent les seuils fixés par l’OMS.

Je mets fin à ces pratiques marketing absurdes 

Sur la plupart de ces produits, les parents pourront lire des allégations nutritionnelles rassurantes, suggérant de potentielles vertus pour la santé : « riche en vitamine D », « riche en calcium », « bon pour la croissance des enfants ». Si ces mentions sont vraies, elles masquent derrière des promesses santé le véritable problème de ces produits : leur taux de gras, de sucre et/ou de sel très élevé, et induisent en erreur les parents soucieux de faire plaisir à leurs enfants. Et surtout elles ne protègent en rien les enfants du marketing agressif des industriels.

Au-delà des promesses sur les étiquettes, ces produits ne semblent pas avoir grand-chose de bons pour la santé des enfants. Les industriels masquent derrière des allégations santés rassurantes pour les parents des produits trop gras, trop sucrés, trop salé et ultra-transformés et jouent avec le marketing pour appâter les enfants.
Audrey Morice Chargée de campagnes foodwatch France

Inaction du gouvernement, la santé des enfants en jeu

Le problème, c’est bien que les industriels continuent de vendre ces produits pour les enfants, et alimentent une offre majoritairement déséquilibrée pour les plus jeunes.  

Pour foodwatch, c’est très clair : les parents ne sont pas responsables de l’existence de ces produits ultra-transformés, trop gras, trop sucrés, trop salés. Le gouvernement doit interdire ce marketing agressif qui vient saboter l’éducation alimentaire des enfants. Ainsi, les industriels et supermarchés seront contraint à changer leur recette ou l'emballage de leurs produits.  

Alors que les solutions sont connues depuis longtemps, en septembre 2025, le gouvernement démissionnaire a à son tour rétropédalé et choisi sciemment de ne pas protéger la santé des enfants à rebours de l’avis des expert·es de santé publique. Un texte d’orientation était à paraître, dans lequel sous la houlette de la ministre de la Culture, les responsables politiques ont décidé de saper la mesure visant à interdire le marketing et la publicité ciblant les enfants

Pendant ce temps, les industriels continuent de vendre leurs produits déséquilibrés pour la santé des plus jeunes, le profit en ligne de mire. Et surtout, ils rejettent sans cesse la responsabilité sur les parents. Pourtant, ce sont bien les industriels qui décident de ce qui est mis en rayon, et de la composition de ces produits soi-disant alliés des tous petits. 

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