Communiqués de presse 30.01.2024

Agriculteurs et consommateurs : la colère face à la violence de notre système alimentaire et la faim aux deux bouts de la chaîne, pointe foodwatch

« On récolte ce que l’on sème », dit l’adage. Pour foodwatch, la colère du monde agricole aujourd’hui fait écho à la violence de notre système alimentaire. L’inflation a plongé des exploitant·es et des millions de consommatrices et consommateurs dans une précarité insoutenable. Aux deux bouts de la chaîne, on a faim. Et au milieu, coulent les marges opaques et les profits indécents des géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution. Ils profitent de leur mainmise sur l’offre en rayons pour imposer leurs règles et leurs prix en toute impunité et portent une lourde responsabilité dans la crise actuelle : économique, de santé publique et environnementale. C’est la triple peine pour les agriculteurs comme pour les consommateurs. On ne s’en sortira pas tant que l’on ne s’attaquera pas aux racines de ce système à la dérive. foodwatch appelle le gouvernement à désarmer les distributeurs et l’industrie agroalimentaire en levant l’opacité sur les prix et les marges. 

« Il est urgent de sortir de ce système indécent qui sème la précarité aux deux bouts de la chaîne, pendant que géants de l'industrie agroalimentaire et de la grande distribution font des profits dans le dos et sur le dos des agriculteurs et des consommateurs, en toute impunité, affirme Karine Jacquemart, directrice de foodwatch. Producteurs, productrices, consommateurs, consommatrices ont raison d’être en colère face à la violence de ce système alimentaire et il est urgent de les réconcilier », insiste-t-elle.

Paris, le 30 janvier 2024. Les agricultrices et les agriculteurs ont raison d’être en colère : près d’un·e sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en France. Leur production et leurs revenus sont pris en étau entre le rouleau compresseur des géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution qui imposent leurs conditions et leurs prix, et des accords de libre-échange qui déversent sur le marché des tonnes de produits importés qui ne respectent pas les mêmes normes.   

Les lobbies, suivis par le gouvernement, essaient de faire croire que le plus gros problème réside dans les normes environnementales. Cette stratégie du bouc émissaire est une fuite en avant malhonnête qui cherche à détourner des vrais problèmes de ce système alimentaire. 

L’équation est simple : toutes les agricultrices et tous les agriculteurs doivent pouvoir vivre dignement de leur production, et être accompagné·es dans une transition urgente vers une agriculture plus respectueuse des sols, de la biodiversité et de la santé. C’est cette transition sociale et environnementale, pour préserver la santé des agriculteurs, des citoyens et de l'environnement, qui permettra d’assurer la pérennité des systèmes agricoles et alimentaires sur le long terme et donc garantir notre souveraineté.  

Et cela passe aussi par la nécessité de sortir du climat d’impunité et d’opacité sur la construction des prix et sur qui profite de l’inflation, en garantissant de la transparence et des règles pour assurer des prix justes, au-delà d’Egalim.  

Pourtant, malgré les promesses d’Emmanuel Macron et de Bruno Le Maire en septembre 2023 d’une modération des marges sur les produits alimentaires, il n’y a toujours aucune réponse du gouvernement à la mobilisation citoyenne lancée par foodwatch, Familles Rurales, UFC-Que Choisir et la CLCV. Les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités et imposer enfin aux géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution :  

  • La transparence totale sur les marges qu’ils réalisent, produit par produit ;  
  • Des mesures claires et efficaces pour empêcher l’explosion de marges extravagantes sur les produits alimentaires essentiels, sains et durables.  

Près de 30.000 citoyens et citoyennes le demandent. Aujourd’hui, on constate que l’opacité des marges est également au cœur de revendications de certains exploitants agricoles qui voient leurs revenus se réduire comme peau de chagrin pendant que leurs clients engrangent des profits indécents.  

>> Agriculteurs et consommateurs écrasés par la précarité : lire l’analyse de foodwatch