Communiqués de presse 01.02.2024

Stratégie des distributeurs sur la sortie des pesticides : le baromètre de foodwatch

foodwatch a mené l’enquête auprès de 20 distributeurs à travers l’Europe, dont 6 en France, afin de scruter leur stratégie de réduction ou de suppression des pesticides dans la production de céréales. Résultat : le compte n’y est pas. Or, pour réduire et mettre fin à l’usage des pesticides en Europe, il faut impérativement s’attaquer à la culture des céréales qui représente le plus de surface agricole et où le plus grand nombre de doses de pesticides est utilisé. La responsabilité des distributeurs sur le sujet et dans le contexte actuel est majeure : ils ont la mainmise sur l’offre des produits qu’ils mettent en rayon. Avec son baromètre, foodwatch entend les pousser à mieux faire. 

Berlin/Paris/Amsterdam/Bruxelles, le 1er février 2024.  foodwatch publie aujourd’hui un baromètre des stratégies des supermarchés européens en matière de pesticides sur les céréales. Bien que la plupart des entreprises promettent de travailler à la protection de l'environnement et de la biodiversité de la planète, l'utilisation de pesticides dans l'Union européenne reste alarmante, selon foodwatch. La plupart des chaînes de supermarchés manque d'une stratégie cohérente pour réduire l'utilisation des pesticides.

En Europe, la production de céréales couvre 50% des surfaces cultivées : c’est l’équivalent de plus 81 millions de terrains de football qui sont traités en moyenne 4 à 6 fois par des pesticides chaque année. En France, près de 40% des pesticides utilisés le sont précisément sur des céréales. Agir à ce niveau ferait donc une différence énorme, et les distributeurs ont un rôle de premier plan à jouer dans ces évolutions. foodwatch a donc sollicité 20 distributeurs en France, aux Pays-Bas et en Allemagne (ainsi qu’un détaillant en Suisse) pour analyser leurs plans pour réduire l’utilisation de pesticides dans leurs produits tels que le pain, les pâtes et les céréales. 

Pour foodwatch, il est nécessaire d’interroger le rôle et les actions des supermarchés vis-à-vis de l’impact environnemental des produits qu’ils vendent dans leurs rayons alimentation. Si les distributeurs agissaient véritablement sur l’usage des pesticides dans la production de céréales – en accompagnant les agriculteur·rices et en achetant leur production à un prix équitable – l’impact positif pourrait être conséquent. La pression des consommateur·rices sur ce sujet est essentielle pour montrer aux supermarchés qu’il est de leur responsabilité de s’engager entièrement sur cette voie. 

En France, « Nous avons interrogé Carrefour, Super U, E. Leclerc, Casino, Monoprix et Intermarché. Chez chacun de ces distributeurs a des stratégies plus ou moins avancées et ambitieuses pour réduire les pesticides au rayon fruits et légumes mais aucune chaîne de supermarchés française n'a adopté une stratégie de réduction des pesticides dans la production de céréales », analyse Camille Dorioz, directeur des campagnes de foodwatch. 

download image

foodwatch salue les efforts de certains supermarchés pour élargir leurs gammes de produits biologiques. Cependant, pour Camille Dorioz de foodwatch, cela ne suffit pas : « Les produits élaborés avec des ingrédients produits sans pesticides sont inaccessibles pour la majorité des consommateur·rices, car trop chers ou juste absents des rayons. Il ne suffit pas d’offrir des alternatives bio où les supermarchés réalisent des marges excessives. Nous leur demandons de fixer des objectifs clairs de réduction et de suppression de l'utilisation de pesticides dans leurs produits conventionnels et de s’y tenir ».

Les points clés du baromètre de foodwatch :

  1. Une large proportion des enseignes enquêtées en France a une stratégie dédiée et précise sur leur offre de fruits et légumes – avec des contraintes sur les usages de certains produits, un accompagnement technique et financier des agriculteur·rices ;
  2. Sur les produits à base de céréales, c’est plutôt l’inverse. Seul Carrefour et Intermarché ont commencé à se pencher sur la question, sans toutefois clairement fixer un objectif de réduction et de suppression ;
  3. De nombreux supermarchés se concentrent sur la quantité de résidus de pesticides sur les produits et non sur la réduction de l’usage lors de la production. C’est une démarche qui n’est pas suffisante car la contamination de l’environnement par les pesticides ne peut être réduite aux résidus dans le produit fini mais doit aussi être abordé par le biais du nombre de doses épandues sur les champs ;
  4. Seul le rayon boulangerie du supermarché Allemand Tégut propose une offre conséquente de produits de boulangerie biologiques et a permis de réduire les produits issus d’une production de céréales avec des pesticides. 

Méthodologie du baromètre européen de foodwatch 

Les résultats du barème sont basés sur les informations fournies par les supermarchés à foodwatch. Les trois supermarchés les moins bien classés sont Aldi et Spar des Pays-Bas et Lidl Allemagne, le seul distributeur qui n'a pas répondu à la demande de foodwatch. Aldi et Spar des Pays-Bas n'ont aucune stratégie pour réduire les pesticides, ni dans la production de fruits et légumes ni dans celle de céréales. Les trois gagnants du barème sont Migros de Suisse, Tegut d'Allemagne et Albert Hejn des Pays-Bas. Migros est en tête pour la réduction des pesticides dans la production de céréales, Tegut propose un grand nombre de produits biologiques, en particulier des céréales, et Albert Heijn dispose d'une quantité exceptionnellement élevée de données sur l'utilisation des pesticides par ses agriculteurs. L'approche de l'entreprise pourrait devenir un exemple pour les détaillants de toute l'Europe afin de suivre et d'éliminer l'utilisation des pesticides, selon foodwatch.