Actualités 03.09.2015

Pétition glyphosate (Roundup) : Monsanto & Co. réagissent, foodwatch et la Ligue contre le cancer persistent et signent

Alors que la pétition lancée par foodwatch en partenariat avec la Ligue contre le cancer pour dire non au renouvellement de l’autorisation du glyphosate (Roundup) en Europe fin 2015 mobilise déjà des milliers de personnes, Monsanto et six autres entreprises commercialisant des produits à base de glyphosate en France ont réagi au premier jour de cette action citoyenne. 

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) - une agence de l’Organisation mondiale de la santé dont le sérieux n’a jamais été contesté -  a classé le glyphosate (principal ingrédient du Roundup de Monsanto) en mars dernier dans la catégorie des « cancérogènes probables ». Le CIRC estime que l'exposition au glyphosate et le développement de cancers chez l’homme sont liés.

Dès lors qu’un tel risque existe, foodwatch France et la Ligue contre le cancer rappellent que l’Europe se doit de protéger ses citoyens : le principe de précaution, ancré dans nos textes européens, permet de prendre les mesures politiques nécessaires afin d’écarter tout risque pour la santé. La pétition foodwatch/Ligue contre le cancer – qui n’est pas adressée aux fabricants de glyphosate mais à l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’EFSA - exige donc l’application stricte de ce principe de précaution et le non-renouvellement de l’autorisation du glyphosate qui expire à la fin de cette année. 

C’est maintenant que tout se joue car l’EFSA doit remettre son avis à la Commission européenne dans les prochaines semaines. La décision que prendra alors la Commission – renouveler l’autorisation ou non - sera valable dix ans. Monsanto et consorts craignent évidemment pour leur chiffre d’affaires. En réaction à la pétition foodwatch/Ligue contre le cancer, ils viennent de diffuser un communiqué par le biais de la « Plateforme Glyphosate France ». foodwatch et la Ligue contre le cancer contestent les arguments des fabricants pour deux raisons :

1. La Plateforme affirme : « La réglementation européenne (…) vise précisément à prendre en compte les progrès de la connaissance scientifique ». foodwatch et la Ligue contre le cancer rappellent que l’article 21 du règlement européen n°178/2002 est formel : «  Dans les circonstances particulières où un risque pour la vie ou la santé existe, mais où une incertitude scientifique persiste, le principe de précaution fournit un mécanisme permettant de déterminer des mesures de gestion des risques ou d'autres actions en vue d'assurer le niveau élevé de protection de la santé choisi dans la Communauté ».

2. La Plateforme Glyphosate France rejette, sans surprise, « l'analyse du CIRC (qui) n’est pas partagée par toute la communauté scientifique ». Que Monsanto et consorts ne partagent pas l’avis d’experts scientifiques qui pointent du doigt les risques du glyphosate n’a rien d’étonnant. foodwatch et la Ligue contre le cancer s’inquiètent cependant que la Plateforme brandisse l’avis qui leur est plutôt favorable du BfR (Bundesinstitut für Risikobewertung), l’organisme allemand d'évaluation des risques désigné rapporteur par l’EFSA. En effet, plusieurs experts du BfR sont directement salariés par des géants de l’agrochimie ou des biotechnologies. Qui peut croire que ces experts torpilleront le renouvellement de l’autorisation du glyphosate ? Qui peut se fier à une appréciation entachée d’un tel conflit d’intérêt ?

foodwatch et la Ligue contre le cancer persistent donc et signent. Les deux organisations continuent d’appeler à la mobilisation et entendent exercer une pression sur l’EFSA. Des dizaines de milliers de citoyens – plus de 48.000 –, qui ont déjà signé la pétition en Allemagne, aux Pays-Bas et en France, veulent croire que la protection de la santé de millions de citoyens l’emportera sur le lobby des industries agrochimiques.