Actualités 25.06.2025

Loi Duplomb : Nourrir, pas détruire

Depuis plusieurs mois, le gouvernement et plusieurs parlementaires — de la macronie au Rassemblement national —tentent de faire passer en douce des reculs majeurs en matière de protection de l’environnement, du bien-être animal et de la santé publique. Leur fer de lance ? La loi proposée par le sénateur Laurent Duplomb (les Républicains) soutenue par une alliance allant de l’extrême droite au « centre ». Un texte dicté par les propositions du lobby de l’agriculture industrielle sans le moindre égard pour la santé, l’environnement, le climat, la science ou l’intérêt général. Après un coup de force orchestré par les député·es de droite, la loi sera négociée lundi 30 juin 2025 à l’abris des regards, sans débat publique et surtout sans que les député·es aient à assumer la médiocrité de leur proposition. Nous ne nous laisserons pas faire. Nous appelons à une mobilisation massive : nous vous donnons rendez-vous sur les places de villages, devant les mairies, devant les permanences de vos député·es et dans nos rues afin d’affirmer haut et fort : nourrir, pas détruire.  

Après un passage en force à l’Assemblée nationale, privant les citoyens et citoyennes d’un véritable débat démocratique sur les conséquences majeures de ce texte, la suite s’accélère pour la loi Duplomb. À partir du 30 juin, elle sera discutée en Commission Mixte Paritaire (CMP), une instance composée seulement de 7 député·es et 7 sénateur·rices, chargée de trouver une version définitive du texte. Elle sera ensuite soumise à un vote final à l’Assemblée nationale et au Sénat. 

Mais cette loi, nous n’en voulons pas, et il est encore temps de nous mobiliser massivement contre son adoption. Paysan·nes, scientifiques, apiculteur·rices, médecins, organisations de la société civile, citoyen·nes : les alertes sur la dangerosité de cette proposition de loi ont été nombreuses. Elles ont été ignorées, balayées d'un revers de main par le vote d'une motion de rejet à l’Assemblée nationale, empêchant tout débat de fond. Alors que le futur de notre agriculture et de notre alimentation nous concerne toutes et tous. 

J’interpelle mon député sur la Loi Duplomb

Une loi qui ignore les réelles préoccupations des agriculteur·rices et des citoyen·nes

Sous couvert de répondre aux préoccupations des agriculteur·ices, la proposition de loi ignore en réalité les causes structurelles de la crise agricole : instabilité des revenus et injuste répartition de la valeur dans les filières, absence d’accompagnement à la transition agroécologique et à l’adaptation au changement climatique. Loin de lever les contraintes, ce texte les amplifie. Cette loi va aussi à l’encontre des attentes des citoyen·nes :qui ont été près de 180 000 à envoyer des messages aux ministres et aux député·es afin de dénoncer les risques que fait peser ce texte. Des agriculteur·rices et apiculteur.rices ont également interpellé les élu.es pour expliquer en quoi cette proposition de loi ne répond pas à leurs préoccupations et met en péril leur capacité à assurer durablement notre souveraineté alimentaire. Ces alertes ont pourtant été ignorées. 

Une loi qui favorise la destruction de l’environnement

Dépendance aux pesticides de synthèse, accaparement des ressources en eau favorisé par la multiplication des méga-bassines, destruction de zones humides, allègement des normes pour les productions animales industrielles - les élevages les plus intensifs - : la proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur·rices va avoir pour conséquence de favoriser des modèles industriels coûteux et polluants. Des mesures portées au détriment d’une agriculture résiliente et respectueuse de l’environnement pourtant nécessaire et souhaitée par 85% des agriculteurs.  
Cette loi pourrait compromettre durablement nos capacités à répondre à l’enjeu de souveraineté alimentaire, érigé comme majeur par nos politiques publiques. 

Une loi contre la santé, contre la science, contre l’intérêt général

L’interdiction de pesticides constitue une source de préoccupation pour seulement 4% des agriculteur·rices interrogé·es. Or la loi en fait une priorité en proposant de réintroduire certains néonicotinoïdes aujourd’hui interdits. Pire encore, elle affaiblit l’indépendance scientifique de l’Agence de sécurité sanitaire (ANSES) en s’attaquant à ses compétences d’évaluation de la mise sur le marché de pesticides. En aggravant la contamination de l’eau, l’exposition des paysan.nes et des riverain.es à des produits toxiques, elle risque de poser un réel danger en matière de santé publique. Plus de 1000 médecins et scientifiques se sont opposés à la loi Duplomb dans une lettre ouverte, alertant depuis plusieurs semaines sur ses dangers. Le refus persistant d’écouter leurs avertissements témoigne d’un tournant inquiétant : celui d’une mise à distance croissante de la science, des faits, et de l’expertise sanitaire.  

Alors, on agit. Ensemble. Partout.

Nous appelons à une mobilisation de tous et toutes. Sur les places de villages, devant les mairies, devant les permanences de vos députés, dans nos rues : faisons entendre notre voix. Que vous soyez 5, 15 ou 50, chaque rassemblement comptera pour dire notre refus de cette loi toxique.

On compte sur votre mobilisation pour les paysannes et les paysans, pour notre santé, pour notre environnement et pour le respect de la science.