Communiqués de presse 30.06.2022

foodwatch présente un rapport critique sur la dépendance de l'Europe aux pesticides et une stratégie pour s'en débarrasser d'ici 10 ans

Un nouveau rapport de foodwatch critique la dépendance fatale de l'UE aux pesticides. L'ONG présente une stratégie pour une agriculture européenne sans pesticides d'ici 2035 et demande une taxe sur les pesticides à l'échelle de l'UE.

L'utilisation de pesticides et d'herbicides a continué à augmenter ces dernières années - avec des conséquences désastreuses pour la biodiversité, la protection du climat, la qualité des sols et la santé. Lors de la présentation de son nouveau rapport au cours d’une visioconférence ce jeudi, le bureau international de foodwatch a critiqué la dépendance de l'Europe vis-à-vis des pesticides. foodwatch a détaillé les moyens de s’en passer : une stratégie concrète, culture par culture, pour une agriculture européenne sans pesticides d'ici 2035. La première et la plus importante étape vers cet objectif serait l'introduction d'une taxe sur les pesticides à l'échelle de l'UE, a exigé foodwatch. A découvrir dans « Locked-in pesticides » (en anglais). 

Le système agricole de l'Union européenne dépend des pesticides à un degré qui peut être assimilé à un "lock-in" – un “enfermement”. Ce terme est dérivé d’une pathologie neurologique appelée "locked-in syndrome", ou “syndrome de l’enfermement”, qui désigne une paralysie physique : le patient reste conscient et ses fonctions cognitives sont, en général, intactes, mais il n'a plus aucun contrôle sur son corps. Selon foodwatch, cette analogie avec l'agriculture "moderne" est frappante ; d’où le nom de son dernier rapport. 

« L'agriculture européenne est enfermée dans le piège des pesticides. La dépendance de l'Europe aux pesticides nocifs est une maladie grave qui a complètement verrouillé notre système agricole. Les dommages et les coûts énormes qui y sont associés n'ont pas encore été évalués, et encore moins corrigés de manière systématique. Ce n'est pas ainsi que l'on construit un système alimentaire européen résilient et durable », a déclaré Matthias Wolfschmidt, directeur de la stratégie de foodwatch international. « Il est possible et absolument réaliste de créer une agriculture européenne sans pesticides d'ici 2035, si les décisions politiques nécessaires sont prises. Les pratiques non durables telles que l'utilisation de pesticides doivent devenir plus coûteuses - par exemple via une taxe sur les pesticides basée sur la toxicité, tandis que nous avons besoin de plus d'incitations financières pour la production durable. »

Dans sa stratégie "De la ferme à la table", la Commission européenne a pour la première fois fixé des objectifs de réduction des pesticides. Cependant, les mesures proposées dans le projet de directive sur l'utilisation durable (SUR) ne sont pas adaptées et l'indicateur pour mesurer le succès est trompeur, critique foodwatch. Au lieu de se contenter de fixer des objectifs, foodwatch a exigé des mesures concrètes et efficaces. Il ne suffit pas d'exiger des règles détaillées et spécifiques à chaque culture en matière de lutte intégrée contre les ravageurs, alors que les agriculteurs sont enfermés dans une situation socio-économique qui les oblige à utiliser des pesticides. Le problème ne peut être résolu uniquement au niveau des exploitations.

En plus d'une taxe sur les pesticides, foodwatch a demandé une réallocation des subventions agricoles de l'UE et une réforme des processus d'autorisation des pesticides. Ces processus sont aujourd’hui trop faibles et permettent à presque toutes les demandes d’autorisation de pesticides d’être acceptées, a critiqué foodwatch. Toutes ces autorisations devraient donc être réexaminées. En outre, les subventions agricoles de l'UE devraient être versées pour l'arrêt de l'utilisation des pesticides et la création de revenus agricoles indépendants. Ainsi, il serait économiquement intéressant pour les agriculteurs de sortir du piège des pesticides.

Lars Neumeister, expert indépendant sur les pesticides et auteur du rapport foodwatch, a souligné : « Nous traversons une crise climatique et une crise de la biodiversité. S'attaquer à la dépendance de l'Europe vis-à-vis des pesticides nous aidera à résoudre plusieurs problèmes agricoles en même temps. Il n'y a pas d'obstacles techniques, mais uniquement un manque de volonté politique. 

Sources :