Communiqués de presse 14.07.2023

L'aspartame est un additif possiblement cancérigène sans bénéfice pour la perte de poids, selon l’OMS. Pour foodwatch, ce risque pour la santé est inacceptable

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, qui fait partie de l'Organisation mondiale de la santé) a aujourd’hui officiellement classé l'aspartame comme « cancérogène possible pour l'homme ». L'aspartame – aussi appelé E951 - est un édulcorant artificiel utilisé dans plus de 2 500 produits alimentaires et boissons en Europe : on le retrouve dans du Coca-Cola Zero, Pepsi Max, Sprite Zero mais aussi dans des yaourts Yoplait 0%, des produits laitiers Lindahls de Nestlé ou des chewing-gums Mentos. 

Pour Camille Dorioz, responsable de campagnes chez foodwatch : « Cette nouvelle a un goût amer. Un édulcorant possiblement cancérigène n'a pas sa place dans nos aliments ou boissons. Or on en retrouve dans beaucoup de produits. Les consommateurs.trices pensent souvent que les édulcorants intenses utilisés en substituts du sucre sont meilleurs pour leur santé. En réalité, ils/elles s'exposent à un autre danger totalement inutile. De plus, l'OMS a confirmé que les édulcorants comme l'aspartame n'ont aucun bénéfice lorsqu’on veut perdre du poids ». 

Lors d'une conférence de presse cette semaine, le Dr Francesco Branca, expert de l'OMS, a conseillé de limiter la consommation d'édulcorants, particulièrement chez les enfants pour ne pas les habituer au goût sucré. Selon l'OMS, même si certaines études scientifiques sont de grande qualité – dont l’étude de cohorte de l’Inserm publiée en 2022 -, la quantité de données scientifiques à l’échelle mondiale est insuffisante à l'heure actuelle pour modifier la limite de la dose journalière acceptable. Les experts demandent que l’on étudie le sujet de plus près et y dédie des moyens supplémentaires.

Le simple remplacement du sucre par des édulcorants artificiels ne permet pas de contrôler le poids, avertissent l'OMS et foodwatch. En mai 2023, l'OMS a conseillé de ne plus consommer d'édulcorants artificiels, dont l'aspartame, pour perdre du poids.  Selon l'OMS, le consommateur ne devrait pas avoir à choisir entre un soda avec du sucre et un soda avec des édulcorants. « Il devrait y avoir un troisième choix : l'eau », a affirmé le Dr Branca de l'OMS. 
Un examen systématique des preuves scientifiques actuelles par l'OMS suggère que la consommation d'édulcorants non sucrés est associée à un risque accru de diabète de type 2, de maladie cardiovasculaire et de mortalité toutes causes confondues, ainsi qu'à une prise de poids. En outre, la consommation d'édulcorants sans sucre n'a pas d'effet bénéfique à long terme sur le poids corporel.  

Parce que l'incertitude demeure et afin de protéger la santé des consommateurs.trices, foodwatch demande à la Commission européenne, et plus particulièrement à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), de procéder à une nouvelle réévaluation de l'aspartame en tant qu'additif alimentaire. L'EFSA a évalué l'aspartame pour la dernière fois en 2013 ; le processus est donc très lent.

« En soulignant les risques possibles de cancer liés à l'aspartame et la nécessité de poursuivre les recherches, l'OMS a envoyé un signal clair sur les dangers de cet additif », souligne Camille Dorioz de foodwatch. L'organisation de défense des consommateurs foodwatch demande que tout édulcorant ou additif alimentaire potentiellement dangereux pour la santé des consommateurs soit retiré du marché européen jusqu'à ce que son innocuité soit prouvée.  

L'UE et les États membres ont la responsabilité de protéger les citoyens européens des substances potentiellement nocives. Cette approche de la gestion des risques est prévue par le traité de l'UE et le règlement général sur la législation alimentaire (EC 178/2002) avec le principe de précaution qui permet de protéger les citoyens face à des risques potentiels. S’il n’y a pas de consensus scientifique sur une question, c’est bien simple, il faut favoriser la santé et l’intérêt général et non les intérêts économiques des industriels.  

Sources

  • Communication de l'OMS et du CIRC sur les résultats de l'évaluation des dangers et des risques de l'aspartame, 14 juillet 2023
  • Aspartame et contrôle du poids, augmentation du diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires et de la mortalité chez les adultes, voir : WHO advises not to use non-sugar sweeteners for weight control in newly released guideline - WHO new guideline, 15 May 2023. « L'utilisation à long terme d'édulcorants non sucrés peut avoir des effets indésirables potentiels, tels qu'un risque accru de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de mortalité chez les adultes. (...) Les édulcorants non sucrés ne confèrent aucun avantage à long terme dans la réduction de la graisse corporelle chez les adultes et les enfants ».
  • Aspartame et risque accru de cancer, voir : Artificial sweeteners : Possible Link to Increased Cancer Risk, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 24 mars 2022. Les scientifiques ont constaté que, par rapport aux personnes qui ne consommaient pas d'édulcorants artificiels, celles qui en consommaient les plus grandes quantités, en particulier l'aspartame et l'acésulfame-K, présentaient un risque accru de développer un cancer, quel qu'en soit le type. Des risques plus élevés ont été observés pour le cancer du sein et les cancers liés à l'obésité.
  • Le principe de précaution dans le règlement européen (CE) n° 178/2002, articles 7 et 14 : « Dans des cas particuliers où une évaluation des informations disponibles révèle la possibilité d'effets nocifs sur la santé, mais où il subsiste une incertitude scientifique, des mesures provisoires de gestion du risque, nécessaires pour assurer le niveau élevé de protection de la santé choisi par la Communauté, peuvent être adoptées dans l'attente d'autres informations scientifiques en vue d'une évaluation plus complète du risque » .