Communiqués de presse 16.07.2025

Trop de pesticides interdits dans nos assiettes : les données alarmantes de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pointées du doigt par foodwatch

  • 9 % des échantillons d'aliments dans l'UE contiennent des résidus de pesticides interdits en Europe 
  • Les bananes, le thé, le riz et les épices sont particulièrement touchés, avec des taux de contamination avec ces pesticides interdits allant jusqu’à 50% des produits 

foodwatch exige la fin des exportations de pesticides interdits - et une tolérance zéro pour leurs résidus dans les aliments : la pétition européenne demande à Ursula von der Leyen d’agir.

foodwatch a analysé les dernières données de surveillance des pesticides publiées par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et les résultats sont alarmants. Sur l’année 2023, près d'un échantillon alimentaire sur dix testé dans l'UE contenait des résidus de pesticides dont l'utilisation n'est pourtant plus autorisée en Europe. Certaines de ces substances sont considérées comme très dangereuses en raison de leurs propriétés cancérigènes ou toxiques pour la reproduction. Ces pesticides reviennent pourtant dans les assiettes des consommateurs européens par un effet boomerang via les importations, dénonce foodwatch. 

Pour foodwatch, interdire les pesticides en Europe mais les exporter à l'étranger relève de l'hypocrisie. Dans une pétition adressée à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, foodwatch avec PAN Europe, Inkota et Umwelt Institut,  exigent d’urgence :  

  • l’interdiction totale des exportations de pesticides dont l'utilisation n'est plus autorisée au sein de l'UE 
  • une tolérance zéro pour les résidus de ces substances dans les produits alimentaires importés. 

Pour Camille Dorioz, directeur des campagnes chez foodwatch : "L'exportation de pesticides interdits dans l'UE par des entreprises comme Bayer, BASF et Biesterfeld a des conséquences dévastatrices sur la santé des travailleurs agricoles et sur l'environnement dans les pays du Sud mais ce n’est pas tout. Ces substances interdites reviennent dans nos assiettes en Europe comme un boomerang. Il faut cesser d’urgence ce commerce toxique pour la santé. Interdire les pesticides chez soi mais les exporter à l'étranger est totalement immoral". 

Selon le rapport de l'EFSA, 580 substances pesticides différentes ont été détectées dans des échantillons d'aliments prélevés dans l'ensemble de l'UE en 2023, provenant de plus de 400 pesticides différents, dont plus de 200 sont actuellement interdits dans l'UE. Les produits tels que les bananes, le thé, le riz, le gombo et les épices sont particulièrement touchés : dans environ 50 % de ces échantillons, des substances illégales dans l'UE ont été détectées. Les taux de contamination les plus élevés ont été observés dans les aliments importés du Rwanda, du Cambodge, de Madagascar, du Paraguay et du Bangladesh. 

Parmi les pesticides interdits les plus fréquemment trouvés figurent les insecticides Imidacloprid, Thiamethoxam/Clothianidin, Chlorpyrifos, Bifenthrin et les fongicides Carbendazim/Benomyl et Flutriafol. Nombre d'entre eux sont classés comme pesticides extrêmement dangereux (HHP) par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) parce qu'ils sont considérés comme cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction. Malgré les risques connus, ils sont toujours produits dans l'UE pour l'exportation et se retrouvent dans les aliments européens par le biais du commerce international. 

Après des années de campagne menée par foodwatch et d'autres organisations, la Commission européenne a lancé un processus législatif visant à interdire les exportations en mars 2023. Cependant, depuis la "période de consultation" au cours de laquelle les parties prenantes et les experts étaient invités à apporter leur contribution, il ne s’est rien passé.     

Près de 70.000 personnes ont déjà signé la pétition adressée chaque jour à Ursula von der Leyen pour lui demander d’agir.