FAQ Pesticides : questions et réponses

Foire aux Questions - foodwatch répond à vos questions.

La question des pesticides est un sujet qui divise, plus complexe qu’il n’y paraît. foodwatch vous apporte les réponses nuancées et documentées aux questions que vous vous posez sur les pesticides : pourquoi le débat fait rage, quels risques pour la santé, quel impact pour les agriculteurs, l’environnement, etc. 

Nos réponses à vos questions concernant les pesticides dans l'agriculture et dans notre alimentation

Les pesticides sont des produits chimiques utilisés en agriculture conventionnelle et aussi biologique pour contrôler les maladies, les mauvaises herbes et autres organismes défavorables aux cultures. Ils sont également appelés produits phytopharmaceutiques. Ils se présentent soit sous forme liquide, pulvérisée sur les cultures, soit sous forme de granulés, répandus sur le sol. Il existe différentes catégories de pesticides, selon leur finalité. Les plus connus sont :  

- les insecticides (contre les insectes)
- les herbicides (contre les végétaux indésirables)
- les fongicides (contre les maladies causées par les champignons parasites)

Environ 50 % des terres arables en Europe, soit un total de 52 millions d'hectares, sont utilisées pour la culture de céréales telles que le blé et le maïs ( l’équivalent de plus 81 millions de terrains de football) . Chaque hectare de céréales est traité avec des pesticides quatre à six fois au cours de la période de croissance. 

La base de données de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) montre que près d'un tiers de tous les produits céréaliers contiennent des résidus de pesticides. En particulier, le pain de blé et les petits pains contiennent près de 90 % de tous les résidus de pesticides. Ces produits contiennent plus de pesticides que les céréales non transformées. Les échantillons contaminés contenaient 1 215 résidus de 65 pesticides différents. Parmi ceux-ci, 18 résidus dans 14 échantillons dépassaient les limites maximales de résidus (LMR). 

Source : Rapport foodwatch « the dark side of the grain »  

Les pesticides sont des substances nocives faites pour tuer (des insectes, des plantes ou des champignons). Cette toxicité intrinsèque représente souvent un danger pour la santé humaine, animale ou végétale. L’autorisation des pesticides est soumise aux législations européennes et nationales. Leur utilisation est régie par un ensemble de règles visant à protéger les consommateurs, l’environnement et les utilisateurs. Il existe des normes limitant la quantité de résidus toxiques admise sur les produits alimentaires. 

En pratique, ce système dysfonctionne. L’utilisation prolongée de différents pesticides pollue les sols et les eaux, nuisant à des espèces végétales et animales qui ne sont pas visées. Les insectes pâtissent gravement de l’effet des pesticides, ce qui se répercute ensuite sur les oiseaux .

Le risque existe aussi pour les consommateurs. Les pesticides sont approuvés trop facilement, sur la base d’études de risques réalisées par les fabricants eux-mêmes. Il faut parfois attendre très longtemps pour voir un pesticide nocif enfin retiré du marché. Présents dans l’eau, l’air, la terre et les sols, nous sommes aujourd’hui trop souvent à leur contact.   

Le danger vient aussi des résidus toxiques qui se déposent sur les cultures. En effet, la limite admise ne s’applique qu’à chaque toxine prise individuellement. Or on en retrouve parfois des dizaines sur un seul fruit, dont les effets peuvent se décupler au contact d’autres toxines. L’effet cumulatif de ces cocktails toxiques n’est pas pris en compte dans les études de risques. 

Sources : https://www.foodwatch.org/fr/2022/echeance-glyphosate-et-autres-pesticides-foodwatch-demande-une-reforme-complete-des-procedures-dhomologation

Le danger peut venir aussi des résidus toxiques qui se déposent sur les cultures, et que l’on retrouve trop souvent dans les produits vendus en supermarchés. En effet, la limite admise ne s’applique qu’à chaque toxine prise individuellement. Or on en retrouve parfois des dizaines sur un seul fruit ou encore dans 1/3 des produits à base de céréales analysés au niveau européen. L’effet cumulatif de ces cocktails toxiques – dans un même produit ou dans plusieurs dans le même repas - n’est pas pris en compte dans les études de risques.  

La dose ne fait pas forcément le poison. Certaines substances chimiques, peuvent être des perturbateurs endocriniens (ils dérèglent le bon fonctionnement des hormones), et peuvent entraîner des conséquences pour la santé, même à très faible dose.        

Finalement, c’est surtout l’incapacité des industriels à évaluer le danger réel de ces effets, y compris “l’effet cocktail” ainsi que l’ingestion à petite dose sur une grande période qui est à risque.   

Une enquête menée auprès de 20 détaillants en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Suisse montre qu'ils font souvent la promotion d'étiquettes et de programmes liés à la biodiversité. En France, cette promotion est moins visible ces dernieres années, mais on trouve de nombreux engagements à protéger la biodiversité et l’environnement chez les supermarchés enquêtés.  

Cependant, aucun des détaillants examinés n'a de stratégie en matière de biodiversité qui inclut également la culture céréalière. Migros en Suisse est le seul détaillant à proposer un programme de céréales sans pesticides. 

La suppression des pesticides ne condamne pas systématiquement à de maigres récoltes. Il faut néanmoins prévenir et contrôler  les maladies et organismes défavorables aux cultures par des moyens alternatifs et naturels, à commencer par la diversification des cultures et la biodiversité.  En outre, l’agriculteur doit être rémunéré à un juste prix tenant compte des risques auxquels il est exposé, dont ceux, beaucoup plus réalistes, de mauvaises récoltes dues à des facteurs climatiques, comme les canicules et les sécheresses prolongées. 

Le spectre d’une famine mondiale due à la suppression des pesticides fait planer une peur injustifiée, volontiers alimentée par le lobby des producteurs de pesticides et des grandes exploitations agricoles. La surproduction alimentaire dans le monde est considérable : des millions de tonnes de produits alimentaires sont gaspillés lors de la production et du traitement des produits, ainsi que dans les supermarchés. De plus, l’exploitation des terres reste extrêmement inefficace. La plupart des terres arables sont occupées par des cultures destinées à l’alimentation de bêtes élevées pour leur viande et leur lait. Dans l’Union européenne, l’agriculture nourrit 7 milliards d’animaux par an et "seulement" 450 millions de personnes. Il faut repenser et redistribuer l’exploitation des terres. 

Source s : « Locked-in Pesticides » : résumé du rapport de foodwatch 2022 &  Pesticides et lobbies : la faim brandie pour éviter la fin ? 

En visant une agriculture “sans pesticides”, nous voulons une réduction maximale des pesticides chimiques. Notre scénario idéal allie protection préventive des végétaux (en favorisant la diversité) et contrôle biologique naturel, avec l’emploi de pesticides uniquement en dernier recours.  

L’agriculture biologique représente déjà un progrès considérable par rapport à l’agriculture conventionnelle, mais un certain nombre de problèmes demeurent : contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’agriculture biologique autorise encore le recours à des substances dangereuses. Pommes, raisins et pommes de terre bio, par exemple, sont souvent traités au cuivre, un fongicide très toxique, tandis que le spinosad, un insecticide qui tue les abeilles, est autorisé en culture biologique de fruits et légumes. 

Ce n’est donc pas la solution idéale. A terme, foodwatch veut aussi mettre fin à l’emploi de pesticides encore utilisés en agriculture biologique. Mais il est necessaire de d’abord commencer sur les plus grandes surfaces et sur les pesticides chimiques les plus dangereux.    

Les supermarchés Migros en Suisse encouragent la production sans pesticides via, entre autres, des contractualisations avec des agriculteurs. Le détaillant vise une culture de blé totalement sans pesticides. Jowa, la boulangerie Migros, est déjà le plus gros acheteur de céréales en Suisse. Elle achète chaque année un total de 85 000 tonnes de céréales provenant des producteurs suisses. 

Un autre exemple intéressant est Brocéliande, une coopérative regroupant plus de 200 éleveurs situés dans l’ouest de la France. Entre autres produits, ils offrent des œufs de poules nourries avec des céréales sans pesticides. 

Cet exemple est significatif étant donné qu’une grande quantité de céréales produites dans les champs européens est utilisée comme aliment pour des animaux tels que les poulets et les porcs.

Au rayon fruits et légumes principalement, vous avez pu voir apparaître un label « sans résidus de pesticides ». Il est mieux que le conventionnel, mais ne répond pas à l’objectif de foodwatch de production sans pesticides. En effet, « sans résidu » de pesticides ne veut pas dire produit « sans pesticides » mais cela signifie que les résidus de ces derniers sont en-dessous de la limite de détection des appareils en laboratoire. Il ne permet pas d’avoir des certitudes sur la réduction de l’usage de pesticides dans ce type de production et donc d’éviter des impacts sur la qualité de l’air, de l’eau et la biodiversité. 

Oui, c’est possible. À vrai dire, les pesticides sont le moyen le moins efficace de lutter contre les maladies, les mauvaises herbes et autres organismes défavorables aux cultures qui, en l’absence de mesures préventives, finissent toujours par revenir. C’est aussi la raison pour laquelle l’agriculture reste “enfermée” dans le système des pesticides.  

Pour une agriculture sans pesticides, il existe des méthodes alternatives et préventives de contrôle.  Toutes sont fondées sur l’exploitation d’écosystèmes naturels favorisant la résilience des récoltes. De nombreuses mesures agronomiques peuvent être mises en œuvre à cette fin, complétées par de récents développements technologiques. Le rapport “Locked-in pesticides” les présente en détail dans les pages 56 et suivantes. 

Les principales mesures sur le terrain consistent à : 

  1. garantir des sols sains (gestion régénératrice des sols), 
  2.  sélectionner des cultures résistantes, 
  3. alterner les cultures (rotation des cultures), 
  4. cultiver simultanément différentes espèces ou variétés, 
  5. créer et entretenir la biodiversité en aménageant des espaces de fleurs sauvages, des bandes fleuries, des haies, des rangées d’arbres et des habitats pour les oiseaux, 
  6. réduire l’apport d’azote par les engrais. 

Une agriculture sans pesticides requiert d’importantes évolutions sur le terrain. L’affectation des terres devra se diversifier, ce qui implique le passage d’un schéma de monocultures à un modèle de cultures variées et de biodiversité. Ces changements radicaux doivent aussi profiter aux cultivateurs. Pour cela, il faut des mesures au niveau national et européen afin d’augmenter les coûts de l’agriculture polluante et de garantir de meilleurs revenus aux producteurs qui pratiquent des cultures diversifiées et sans pesticides.  

Source : www.foodwatch.org/fr/communiques-de-presse/2022/foodwatch-presente-un-rapport-critique-sur-la-dependance-de-europe-aux-pesticides-et-une-strategie-pour-s-en-debarrasser-d-ici-10-ans  

Une production de céréales sans pesticides pourrait faire réduire les rendements à l’hectare, et augmenter le coût de la main d’œuvre en particulier sur le désherbage. Cela dit, aujourd’hui les consommateurs paient déjà un coût supplémentaire dû à l’usage des pesticides. Car nous payons notre alimentation 3 fois

  • Dans les montants d’aide publique versées aux agriculteurs; 
  • Dans les coûts cachés de ces productions comme la dépollution de l’eau, ou la prise en charge de maladie (comme les maladies professionnelles des agriculteurs du à l’exposition des pesticides ou encore) ou la sauvegarde de notre environnement ; 
  • Et évidemment, à la caisse des supermarchés 

Il est donc nécessaire de revoir sur qui pèse la responsabilité de l’impact de la production agricole : les industriels et les distributeurs doivent prendre sur leurs marges un éventuel surcoût et les subventions agricoles récompenser les pratiques vertueuses sans pesticides.  

foodwatch demande une interdiction à 100 % des pesticides dans l'Union européenne et a présenté un plan détaillé étape par étape à cet effet.  En France 50% des pesticides épandus sont utilisés pour produire des céréales.   C'est pourquoi foodwatch demande aux supermarchés européens d’agir maintenant et de s’engager à ne vendre que des produits à base de céréales - pain, pâtes, céréales de petit-déjeuner, farines, etc. - produites sans pesticides.   

Sources : Rapport "Locked-in Pesticides, The European Union’s dependency on harmful pesticides and how to overcome it", Foodwatch International , 2022

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