Huile de palme masquée dans nos aliments : 4 raisons de dire « non, merci ! »
Biscuits, gâteaux, pâtes à tarte, soupes, biscottes, chocolats… L’huile de palme, ingrédient bon marché, est présente dans la moitié des produits de consommation courante dans le monde . Produite essentiellement en Indonésie et en Malaisie, elle est aujourd’hui la première huile végétale mondiale et la quantité produite continue d’augmenter d’année en année. En France, 7 consommateur·rice·s sur 10 veulent des produits sans huile de palme. Pourtant on la retrouve à tous les étages des rayons. Et si les marques sont désormais tenues de faire apparaître l’huile de palme et ses dérivés dans la liste d’ingrédients, beaucoup jouent des pieds et des mains pour nous induire en erreur, et masquer l’huile de palme par du marketing.
Retour sur les trois grandes controverses autour de l’huile de palme :
1. Conséquences pour la santé
Il existe un fort consensus scientifique sur le fait que les acides gras saturés sont très mauvais pour la santé. Ils contribuent à augmenter le mauvais cholestérol et les risques cardio-vasculaires. L’huile de palme est composée à plus de 49 % de ces acides gras saturés, là ou des huiles comme le colza ou l’huile d’olive n’en contiennent que respectivement 6,6% et 14,3%.
En France, près de la moitié des adultes et un enfant sur trois dépassent la limite recommandée par l’Anses de consommation d’acides gras saturés . Mais il est difficile de rééquilibrer sa consommation quand les industriels s’attèlent à masquer la présence de cette huile de palme par un marketing flatteur.
Certains vont jusqu’à prétendre que l’huile de palme aurait des effets extrêmement positifs pour la santé ! Le hic, dénonce l’Organisation mondiale de la santé, est que ces études sont financées par les lobbies - malaisiens notamment - de l’huile de palme. Une méthode largement utilisée par les cigarettiers ou encore Monsanto pour brouiller le débat et surtout protéger le chiffre d’affaires des industriels.
2. Conséquences sur l'environnement
L’une des conséquences les plus connues de la production d’huile de palme est la destruction de forêts naturelles, d’écosystèmes extrêmement riches et de leur incroyable biodiversité.
La déforestation due à l’industrialisation de l’huile de palme a fait des ravages. En Indonésie, entre 2012 et 2015, l’équivalent d’un terrain de football de forêt tropicale a été rasé toutes les 25 secondes. Et ce n’est pas près de s’arrêter ! Dans son dernier rapport, Greenpeace International estime que 50 millions d’hectares de forêt auront disparu sur la planète entre 2010 et 2020, soit environ la taille de l’Espagne. L’augmentation de la consommation d’huile de palme y participera activement !
En détruisant la forêt, on détruit l’habitat des incroyables espèces qui la peuplent. La plus médiatisée est l’orang-outan, dont la population a chuté de 90% en un siècle sur l’île de Sumatra, mais le tigre, le rhinocéros et l’éléphant voient également leur population diminuer drastiquement du fait de la déforestation.
En brûlant la forêt et les tourbières, l’huile de palme participe au dérèglement climatique et contribue aux 12% d’émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial liés la déforestation, soit l’équivalent du secteur des transports.
3. Conséquences sur les populations locales et les droits sociaux
L’expansion de la production d’huile de palme génère également de graves problèmes fonciers avec les populations, qui sont trop souvent victimes d’accaparements de leurs terres.
Les conditions de travail dans lesquelles l’huile de palme est produite constituent également un grave problème. Amnesty International a documenté abus sociaux et violations de droits humains des producteurs et négociants d’huile de palme. Dans son rapport de 2016, l’ONG pointe du doigt le groupe Wilmar International en Indonésie pour ses pratiques de travail forcé, travail d’enfants dès l’âge de 8 ans, discrimination liée au genre et mise en danger de la santé des ouvriers et ouvrières.
4. De l’huile de palme durable ?
Il existe des certifications censées garantir que certaines huiles de palme sont « durables ». La plus connue est la Table ronde sur l’huile de palme durable ou certification RSPO. Mais ne vous y fiez pas. Les ONG de défense de l’environnement et des droits humains s’accordent à dire qu’elle ne suffit absolument pas à garantir une huile de palme respectueuse des droits humains et environnementaux.
Amnesty International affirme ainsi dans son rapport de 2016 « qu’il n’y a rien de durable dans une huile de palme produite à l’aide du travail des enfants et du travail forcé ».
Greenpeace déclarait en 2017 : « La certification RSPO ne garantit pas l’absence de déforestation. Pour Greenpeace, il est donc très clair que la certification RSPO n’est pas suffisante pour qualifier une huile de durable » .
France Nature Environnement affirmait en 2017 que « les systèmes de certification « huile de palme durable » sont insuffisants et inefficaces pour lutter contre la déforestation : manque de contrôles, critères laxistes » .
Plus récemment, la coalition suisse sur l'huile de palme estime que « le label RSPO ne peut garantir la durabilité dans le secteur de l’huile de palme. En dépit de 15 ans d’existence, la RSPO n’a réussi à ce jour à protéger efficacement ni la biodiversité, ni les droits humains dans les régions de culture » .
Qu’elle soit durable ou pas, nous sommes nombreux·ses à dire : « Huile de palme, non merci ! »