Actualités 12.04.2023

Nutri-score : contre les lobbies, foodwatch décortique les idées reçues

Aujourd’hui, alors que 94% des Français·es se disent favorables au Nutri-Score sur l’emballage des produits alimentaires, les lobbies sont bien décidés à lui faire la guerre en Europe. Depuis son introduction en France en 2014, les géants de la malbouffe et leurs lobbies mènent d’intenses campagnes de désinformation sur le sujet, à contre-sens des recommandations scientifiques. Leur objectif : discréditer ce logo nutritionnel coloré pour l’empêcher de devenir obligatoire dans l’Union européenne. Donner la priorité aux profits plutôt qu’à la santé publique, ça suffit ! foodwatch décrypte les fausses idées reçues sur le Nutri-Score, un outil nutritionnel qui met les industriels de la malbouffe à la peine, car il aide les consommateurices à faire des choix plus simples et sains pour leur santé.

Nos réponses aux idées reçues concernant le Nutri-score

Entre le cryptique tableau nutritionnel souvent présent au dos des emballages, et le logo nutritionnel coloré en face avant des emballages, c’est vite vu : le Nutri-Score fournit des informations claires et immédiatement accessibles sur la qualité nutritionnelle des produits. Loin d’être infantilisant, il aide au contraire les consommateurices à faire des choix éclairés, en permettant d’identifier au premier coup d’œil l’option la plus saine dans une même gamme d’aliments, sans avoir à passer à la loupe les valeurs nutritionnelles.

Surtout, les études menées chaque année par Santé Publique France démontrent que le logo est bien connu et compris des consommateurices : 90% des Français·es identifient bien que le Nutri-Score permet de qualifier la qualité nutritionnelle des produits ; 89% pensent qu’il devrait être obligatoire sur les emballages et la moitié des personnes interrogées déclarent avoir déjà changé leurs habitudes alimentaires grâce au Nutri-Score. Simple, et non simpliste, le Nutri-Score est un outil citoyen pour des choix d’alimentations mieux informés et plus sains ! 

Le Nutri-Score aide les consommateurices, au premier coup d’œil, à comprendre la composition nutritionnelle d’un produit : les valeurs nutritionnelles d’un produit n’ont rien à voir avec d’autres facteurs liés à la production des aliments, comme la présence d’additifs ou de pesticides, ou le degré de transformation d’un produit. L’algorithme qui régit le Nutri-Score ne calcule pas ces dimensions : il est donc normal qu’il ne les prenne pas en compte. 

Les équipes de recherche du Professeur Serge Hercberg , concepteur du Nutri-Score, le disent bien : aucune équipe de recherche au monde n’est parvenue à intégrer toutes les dimensions relatives à la santé dans un même algorithme, pour la bonne et simple raison que tout logo nutritionnel sur l’emballage d’un produit doit rester simple à lire pour les consommateurices. 

Cela dit, les inventeurices du Nutri-score cherchent constamment à améliorer cet outil et ont par exemple suggéré de cercler le logo coloré d’un bandeau noir pour un produit ultra-transformé : une présentation graphique améliorée du Nutri-Score qui par ses effets dissuasifs a déjà fait ses preuves au Chili. 

Mettons les choses au clair : le rôle du Nutri-Score est de prendre en compte la composition nutritionnelle des produits, en les classant des plus équilibrés, avec la lettre A, en vert, aux plus gras, sucrés et salés, avec la lettre E et une couleur rouge. Si un produit, qu’il soit régional ou non, obtient un score orange ou rouge, cela signifie que sa teneur en mauvais gras, en sucre ou en sel est importante : le Nutri-Score ne vise pas à proscrire tel ou tel aliment, simplement à indiquer qu’il est à consommer avec modération. 

Il faut cesser le lien systématique entre mauvais Nutri-Score et produits régionaux : les sigles AOP ou IGP, gages de qualité et de régionalité d’un produit, n’ont rien à voir avec leur composition nutritionnelle. Par ailleurs, selon une étude de l’association UFC-Que Choisir , deux produits régionaux sur trois obtiennent un bon Nutri-Score. On trouve des exemples de produits du terroir bien notés à gogo : la potée auvergnate, les mogettes de Vendée, le riz de Camargue ou encore le cassoulet de Castelnaudary. Si à l’inverse, des produits comme le roquefort, le bleu des Causses ou les rillettes de Tours ont un Nutri-Score dans l’orange ou le rouge, c’est parce qu’ils sont riches en graisses saturées et en sel : rien d’étonnant pour des fromages ou de la charcuterie, qu’ils soient traditionnels, du terroir ou non ! 

Ce qui se cache réellement derrière cette fausse idée reçue, ce sont de puissantes filières agroalimentaires, qui défendent avant tout leurs intérêts financiers et jouent sur le terroir et les produits de qualité chers à la gastronomie française pour saboter le Nutri-Score. De grands groupes comme Lactalis et Savencia (on est bien loin des produits du terroir), respectivement n°1 et n°5 mondial des produits laitiers, ou encore BEL, détiennent des parts très larges dans la production de fromage et refusent d’afficher le Nutri-Score sur leurs produits

Bien au contraire, l’adhésion des consommateurices au Nutri-Score et son adoption par sept pays européens comme étiquetage nutritionnel officiel a progressivement encouragé les industriels à améliorer la recette de leurs produits pour obtenir de meilleurs Nutri-Score, en réduisant la quantité de sucres, de graisses et de sels dans leurs produits, ou en en augmentant la teneur en fibres. Dans une étude , l’association UFC-Que Choisir a constaté que la qualité nutritionnelle des produits et leur Nutri-Score a considérablement progressé dans les rayons où il est largement affiché, principalement pour des produits de grande consommation. 

A l’inverse, comme les industriels de la malbouffe n’ont aucune obligation d’afficher les (mauvais) Nutri-Score sur leurs produits, ils n’ont pas fait l’effort d’améliorer leurs recettes. Dans les rayons des produits trop gras, trop sucrés, trop salés, rien de nouveau à signaler : une autre bonne raison pour que le Nutri-Score doit être rendu obligatoire ! foodwatch en appelle de ses vœux depuis des années.

Pour autant, certains industriels, pour améliorer les Nutri-Score de leurs produits, ont bien tenté des tours de passe-passe, par exemple en substituant au sucre des édulcorants : c’est le cas pour les sodas. Or, la consommation de boissons artificiellement sucrées favoriserait la prise de poids. Afin que les fabricants ne soient pas incités à remplacer le sucre dans leurs boissons par des édulcorants artificiels pour améliorer leur Nutri-Score, foodwatch appelle à revoir le score des boissons contenant des édulcorants, ce qui interviendra dans le courant de l’année. 

Rappelons bien que le Nutri-Score n’a pas vocation à renseigner sur les additifs et, de toute évidence, ne peut pas combler les lacunes de la législation alimentaire européenne. Pour protéger les consommateurices des risques pour la santé que présentent l’excès d'additifs, il faut une législation stricte qui réglemente leur utilisation et leur étiquetage – une mesure que foodwatch réclame également depuis de nombreuses années.

L’argument ne tient pas debout : aucune mesure isolée ne permettrait à elle seule de mettre fin à l’épidémie d’obésité. Les spécialistes de santé, comme les expert·es de l’Organisation mondiale de la Santé, les associations de pédiatres et de diabétologues sont unanimes : pour agir contre l’obésité, il faut une stratégie globale qui comprenne non seulement un système d’étiquetage nutritionnel intelligible, mais aussi d’autres mesures, comme des restrictions sur le marketing de la malbouffe ciblant les enfants , des taxes sur les boissons non alcoolisées, notamment les sodas, ou encore des normes contraignantes pour les cantines scolaires. 

Pour créer un environnement propice aux comportements alimentaires sains au quotidien, il est nécessaire de mettre en place un ensemble de mesures fortes complémentaires. Si le Nutri-Score seul ne parviendra jamais à résoudre la totalité du problème à lui seul, ce n’est pas un argument suffisant contre cette mesure. Au contraire, le Nutri-score est une mesure efficace dans la lutte globale contre les maladies évitables.

Si le Nutri-Score permet aux consommateurices de comparer objectivement différents produits alimentaires, c’est qu’il est calculé sur la base d’une quantité de référence qui reste toujours la même (100 grammes ou 100 millilitres), définie par la réglementation européenne dans le tableau nutritionnel obligatoire figurant à l’arrière des emballages des produits. Les portions, à l’inverse, doivent être adaptées en fonction des besoins énergétiques spécifiques des individus (poids, taille, âge, sexe) et ne pourraient pas figurer de manière harmonisée sur les emballages. Si le Nutri-Score était calculé en fonction de la taille des portions, les fabricants pourraient le détourner en fondant arbitrairement leurs calculs sur de faibles quantités. La prise en compte d’une quantité standard de produit par le Nutri-Score permet une comparaison valide des aliments. 

Si le régime méditerranéen est considéré comme particulièrement sain et équilibré, c’est qu’il implique la consommation d’une grande quantité de fruits, de légumes frais et secs et de céréales complètes, ainsi qu’une consommation modérée de poissons et de produits laitiers, avec peu de viandes et de produits riches en sucres, graisses et sel. En outre, les matières grasses saines, comme l’huile d’olive, en restent la principale source de graisses. Voilà qui est tout à fait en phase avec le système de catégorisation du Nutri-Score, qui privilégie les aliments pauvres en graisses, sucres et sel, ainsi que les aliments riches en fibres, les fruits frais et secs, les légumes frais et secs.

Plusieurs politiques italiens ont accusé le Nutri-Score de nuire au régime méditerranéen dans la mesure où les produits du terroir, comme le prosciutto, le parmesan ou le gorgonzola, sont mal notés. Ces critiques n’ont pas lieu d’être : le Nutri-Score illustre simplement la qualité nutritionnelle de ces produits qui, de fait, sont très riches en graisses et en sel, ce qui veut dire qu’ils doivent être consommés avec modération, même dans le cadre d’un régime méditerranéen. 
 

En bref, l’histoire du Nutri-Score, c’est celle de David contre Goliath : une agro-industrie européenne aux moyens colossaux, qui manipule et contourne la science pour déployer une armada d’arguments fallacieux afin de décrédibiliser un étiquetage nutritionnel pourtant indépendant, développé scientifiquement, harmonisé et largement plébiscité par les consommateurices. Reconnu comme une mesure phare pour lutter contre l’augmentation des maladies chroniques comme l’obésité et le diabète de type 2 en Europe, le Nutri-Score est un outil de santé publique clé en main et efficace, qui doit dès à présent être rendu obligatoire en Europe. 

Nutri-score en Europe, pourquoi est-ce une opportunité ?

Pour lutter contre les maladies non-transmissibles et aider les consommateurs et consommatrices à faire des choix d’alimentation plus sains, foodwatch se bat pour rendre le Nutri-Score obligatoire en Europe. Que faut-il retenir ? 

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