Actualités 11.06.2025

Nouveaux OGM : la liberté de choix n’est possible qu’avec un étiquetage obligatoire

Le lobby de l’agro-industrie pousse les institutions européennes à restreindre la liberté de choix des consommatrices et consommateurs en empêchant l’étiquetage des nouveaux organismes génétiquement modifiés (OGM) issus des Nouvelles Techniques Génomiques (NGT) dans nos aliments. Face à cette menace pour la transparence, Foodwatch, associé à 48 autres organisations – des acteurs majeurs de la chaîne alimentaire, des défenseurs des consommateurs, des agriculteurs et des organisations environnementales –se mobilise pour défendre la liberté de choix des consommatrices et consommateurs en exigeant un étiquetage clair et transparent.

La liberté de choix et le droit à l’information

Sans étiquetage et traçabilité obligatoires, les consommateurs ne peuvent exercer leur droit à un choix éclairé. L’absence d’information sur la présence de ces nouveaux OGM dans les produits alimentaires compromet donc cette liberté individuelle et mine la confiance du public : tous les produits vendus seront suspects. Pourtant, le traité garant du bon fonctionnement de l’union européenne (TFUE) protège explicitement le droit des consommatrices et consommateurs à l’information. La reglementation européenne sur l'alimentation impose également la traçabilité des produits et des matières premières  comme une exigence légale fondamentale. 

Les lobbies, avec en tête la FNSEA et Bayer & co, ne veulent pas laisser ce choix aux consommatrices et consommateurs et préfèrent mener leur business en toute opacité, faisant fi de l’ensemble du droit européen. Il n’est pas question de les laisser faire.  

Les enjeux sont majeurs : il s’agit tout simplement de la liberté des consommatrices et consommateurs de choisir ou non de consommer des produits contenant ces OGM. La menace est bien réelle, et nos responsables politiques ne peuvent priver les citoyen.nes européen.nes de toute transparence quant à la présence de nouveaux OGM dans leur alimentation.
Camille Dorioz Directeur des campagnes

Risques de contamination et menaces pour les filières bio et sans OGM

Lorsque l’on tire le fil de la dérégulation de l’étiquetage des OGM, cela ne s’arrête malheureusement pas à la question cruciale de l’information du consommateur. En l’absence de traçabilité dès la culture de ces nouveaux OGM, le risque de dissémination incontrôlée via la pollinisation croisée ou des erreurs techniques est réel. Ainsi, comment protéger les filières bio et sans OGM dont la production doit être à l’abri de toute contamination ? 

Plus de 200 organisations ont prévenu qu’un tel recul réglementaire mettrait en péril l’avenir même de ces filières. Une fois les semences contaminées, il devient quasi impossible de restaurer leur statut sans OGM. De plus, les agriculteur.ice.s et sélectionneur.euse.s risquent de perdre leur certification, l’accès aux marchés ou de faire face à des conflits juridiques. Ces impacts économiques lourds ne peuvent être évités que par une traçabilité obligatoire, incluant des méthodes de détection transparente et publiée par les producteur.ice.s d’OGM.

Traçabilité et détection : faisabilité et nécessité économique

Evidemment, les lobbies tentent le tout pour le tout, tentant de nous faire croire que l’étiquetage et la traçabilité représenteraient un coût économique excessif. Cet argument financier est fallacieux. L’étiquetage alimentaire existe depuis longtemps dans l’UE et repose sur la traçabilité de l'ensemble des matières premières - ils savent faire. Des organismes scientifiques, comme l’ANSES en France, confirment que la majorité des modifications issues des NGT sont détectables grâce aux outils moléculaires actuels ou émergents. EEt de toute façon, la liberté de choix des consommatrices et consommateurs peut-elle être "trop chère"? Les agro-industriels semblent surtout avoir peur de devoir nous informer correctement et de ne pas pouvoir imposer leurs OGM dans notre alimentation. 

Prochaines étapes politiques

Les institutions européennes examinent actuellement une nouvelle proposition législative qui exclut l’étiquetage et la traçabilité des nouveaux OGM tout au long de la chaine alimentaire. Face à cette proposition, la position clairedu Parlement européen est essentielle : tous les produits issus de ces nouveaux OGM (des plantes modifiées par NGT) doivent être étiquetés directement sur l’emballage.

Pourtant, sous la pression des lobbies, des  États membres comme la France et de la Commission européenne, le Parlement semble reculer. Ce recule s’opère notamment sous la pression de la droite et de l’extrême droite européennes qui poussent pour cette dérégulation favorable aux lobbies et défavorables à la liberté des citoyen.nes. Cette ligne rouge ne doit pas être sacrifiée dans les négociations en cours alors qu’une réunion clé est prévue le 30 juin.

Parlementaires et politiques doivent se rappeler que l’étiquetage et la traçabilité des nouveaux OGM sont des exigences fondamentales, et non de simples options, pour garantir la transparence, la responsabilité et la liberté de choix des consommatrices et consommateurs, des agricultrices et agriculteurs et de l’ensemble du secteur agroalimentaire. En l’état, la proposition européenne violerait les normes établies de transparence du système alimentaire et compromettrait la confiance du public

Cette article se concentre sur les questions de traçabilité et d’étiquetage. Pour des informations sur d’autres enjeux importants encore non résolus (coexistence, évaluation des risques, suivi, clauses de retrait, responsabilité, brevets, méthodes de détection et d’identification, portée de la proposition — y compris pour les plantes sauvages), vous pouvez vous rendre sur le site de Pollinis.