Communiqués de presse 19.05.2022

Scandales Kinder et Buitoni/Nestlé : foodwatch porte plainte avec des familles

foodwatch porte plainte ce jeudi 19 mai contre Nestlé et contre Ferrero aux côtés de familles victimes qui ont vu leurs enfants tomber malades à cause de l’irresponsabilité de ces deux géants de l‘agroalimentaire. Tandis que le procureur de la République de Paris vient d’ouvrir une information judiciaire concernant les pizzas Buitoni (Nestlé) contaminées à la bactérie E.coli et qu’en Belgique le parquet a ouvert une enquête concernant les chocolats Kinder contaminés à la salmonelle (Ferrero), foodwatch apporte sa pierre à l’édifice pour casser le climat d’impunité face à ces multinationales.

Dans ses deux plaintes au pénal, l’association experte des questions d’alimentation a listé sept infractions graves :

  1. Mise sur le marché de produits préjudiciables à la santé (article 14 du règlement (CE) 178/2002) et abstention de mise en œuvre des procédures de retrait ou de rappel d’un tel produit ;
  2. Infraction aux dispositions des décrets pris en application de l’article L. 412-1 du code de la consommation et notamment aux règles d’hygiène ;
  3. Tromperie aggravée ;
  4. Mise en danger de la vie d’autrui ;
  5. Atteintes involontaires à l’intégrité de la personne ;
  6. Exposition ou vente de produit alimentaire servant à l’alimentation falsifié ou corrompu et nuisible ;
  7. Exportation vers un pays tiers à l’Union européenne d’une denrée alimentaire préjudiciable à la santé.

foodwatch publie aussi aujourd’hui une lettre ouverte que les citoyens et citoyennes sont invité.e.s à signer pour se mobiliser aux côtés de l’organisation et témoigner leur soutien aux familles face à Ferrero et Nestlé. Cette lettre et les signatures seront ajoutées au dossier de plainte dans les prochaines semaines.

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

« Lorsqu’on est un géant de l’agroalimentaire comme Nestlé ou Ferrero, on ne peut ignorer la loi et prendre à la légère ses responsabilités concernant la sécurité sanitaire des aliments. Or des produits Kinder et Buitoni ont rendu de nombreux enfants malades ainsi que des adultes. C’est inacceptable. Nestlé et Ferrero doivent rendre des comptes. Notre enquête a démontré que les deux entreprises minimisent les faits et ont manqué à leurs obligations. Avec ces plaintes, nous prenons la défense des consommateurs et consommatrices et exigeons des sanctions exemplaires », explique Karine Jacquemart, directrice de foodwatch France.

Les deux plaintes qui ciblent Nestlé et Ferrero ont été déposées ce jeudi après-midi au pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris par le cabinet TTLA au nom de foodwatch et de plusieurs victimes. L’objectif affiché est clair, commente Me François Lafforgue : « Après le scandale Lactalis, deux nouveaux scandales sanitaires nous amènent à déposer plainte contre des géants de l’agroalimentaire ; nous demandons que toute la lumière soit faite dans ces affaires et que les responsabilités soient dégagées dans les meilleurs délais, afin que les victimes obtiennent des réponses à leurs interrogations légitimes ».

Dans ces nouvelles plaintes figurent notamment le cas d’une petite Louna, 6 ans, hospitalisée en urgence pédiatrique pour intoxication à la salmonelle suite à la consommation de Kinder et dont les enzymes ont révélé qu’ils correspondaient à ceux d’une personne ayant eu un infarctus. Verdict : myocardite.

Pour foodwatch, le manque de réactivité des industriels, les ratés, le manque d’empathie, le cynisme (l’envoi de bons d’achat de 10 euros) et la mauvaise gestion des victimes une fois les scandales exposés sont des facteurs aggravants et ajoutent aux sept infractions graves listées. Ces affaires sont d’autant plus scandaleuses qu’elles étaient évitables. Ferrero a, par exemple, été informée de la possible contamination de ses produits dès le 23 mars par les autorités du Royaume-Uni, comme l’a révélé foodwatch lors de son enquête, mais le rappel de ses produits en France n’a eu lieu que le 5 avril. Y a-t-il eu tentative de dissimulation ? Les autorités belges ont dû prendre la décision le 8 avril de fermer l’usine de production des Kinder « après investigations et suite aux constats de ces dernières heures que les informations fournies par Ferrero sont incomplètes ». Quant à Buitoni, l’hygiène au sein de l’usine de Caudry s’était tellement dégradée depuis le contrôle précédent que le préfet du Nord a dû ordonner sa fermeture, le 1er avril.

Pour foodwatch : « Ces affaires – Buitoni et Kinder - montrent qu’on ne peut pas faire confiance à Nestlé et Ferrero, pourtant leaders sur leur secteur, et que le système d’auto-contrôles confié aux industriels n’est pas suffisamment efficace. Dans les deux cas, ce sont les autorités sanitaires qui ont dû tirer la sonnette d’alarme face à un pic épidémique inquiétant. Alors que l’alerte aurait dû partir des fabricants. Comment Nestlé et Ferrero, responsables de s’assurer de la sécurité des aliments qu’ils commercialisent, ont-elles pu laisser sortir de leurs usines depuis des semaines des produits contaminés sans le remarquer ? La liste des infractions que nous avons relevée est longue ».

Or, la réglementation européenne 178/2002 est claire : « Tout exploitant du secteur alimentaire doit informer immédiatement les autorités compétentes lorsqu'il considère ou a des raisons de penser qu'une denrée alimentaire qu'il a mise sur le marché peut être préjudiciable à la santé humaine ». Et ce « même si ces produits n’ont pas été mis sur le marché », comme la loi Egalim est venue le préciser en 2018.  

Depuis plusieurs années, foodwatch dénonce le système défaillant qui favorise ces scandales alimentaires pourtant évitables : de la réaction au lieu de la prévention et des rappels quand il est déjà trop tard, le problème posé par des autocontrôles inefficients, des sanctions trop rares ou peu dissuasives et le manque cruel de moyens publics à la hauteur de l’enjeu.