De nouvelles études scientifiques publiées en 2025 relancent le débat sur la sécurité de l’édulcorant artificiel aspartame. Malgré l’interpellation de plus de 250 000 citoyens européens aux côtés de foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer, la Commission européenne n’a toujours pris aucune mesure de précaution. La pression monte alors que les études scientifiques continuent de pointer du doigt l’additif largement utilisé par les géants des sodas zéro Coca-Cola et PepsiCo.
Un additif controversé depuis plusieurs décennies
Son classement comme « cancérogène possible pour l’homme » par le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 2023 était venu s’ajouter à 30 ans d’études soulignant les risques associés à la consommation de cet édulcorant. L’accumulation de preuves continue. Depuis le début de l’année 2025, plusieurs équipes de recherche indépendantes ont publié des études reliant l’aspartame à divers effets potentiels sur la santé :
- Mars 2025 – Une équipe de chercheurs taïwanais a publié une étude sur les effets de l’aspartame sur la puberté retardée, basée sur des données animales et des modèles humains. Ils ont constaté qu’une exposition prolongée, de la grossesse à la descendance, entraînait un retard de puberté chez les rates femelles, accompagné d’autres effets tels qu’un dysfonctionnement mitochondrial et une augmentation du stress oxydatif ovarien.
- Avril 2025 – De nouvelles données issues de la cohorte épidémiologique française Nutrinet-Santé (plus de 100 000 personnes) ont suggéré que la consommation de mélanges d’additifs couramment retrouvés dans les produits alimentaires – incluant les édulcorants comme l’aspartame – pourrait être associée à une incidence plus élevée de diabète de type 2.
- Juin 2025 – Un groupe d’experts indépendants en évaluation du cancer a publié un commentaire soulignant à nouveau les divergences autour de la conclusion du CIRC concernant la force de la classification cancérogène. Ces experts ont affirmé que les limites méthodologiques invoquées pour écarter certaines études du Ramazzini Institute (montrant un lien avec le cancer) et ne retenir qu’une classification en « cancérogène possible » n’étaient pas suffisamment justifiées. Ils ont également rappelé que, dans d’autres cas, les études du même institut avaient été intégrées aux évaluations d’autres groupes de travail du CIRC.
- Juillet 2025 – Deux études publiées dans Scientific Reports (revue du groupe Nature) ont mis en évidence des signaux de risques potentiels pour d’autres effets sanitaires par deux équipes chinoises. Ils ont constaté que la consommation d’aspartame entraînait des modifications du microbiote intestinal et de l’expression de certains gènes nécessitant des recherches supplémentaires. Et une autre a mis en évidence un lien potentiel entre l’édulcorant et l’incidence des AVC ischémiques, avec des indices de neurotoxicité possible de l’aspartame.
Pour rappel
Contexte : conclusions du CIRC vs du JECFA
L’aspartame fait l’objet de controverses depuis juin 2023, lorsque l’Agence internationale de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS l’a classé comme « cancérogène possible pour l’homme » (2B). Certains experts du groupe de travail du CIRC étaient favorables à une classification plus sévère (2A).
Peu après, le comité mixte d’experts FAO-OMS sur les additifs alimentaires (JECFA) a réaffirmé la sécurité de l’additif jusqu’à la limite actuelle d’apport fixée par l’Europe, soit 40 mg/kg de poids corporel. Cependant, des critiques ont souligné que le JECFA s’était appuyé en grande partie sur une étude de l’industrie datant de 1981 et avait semblé accorder plus de poids aux études financées par l’industrie qu’aux études indépendantes.
Une inaction coupable des industriels et des politiques
Ces nouveaux résultats s’ajoutent aux précédentes alertes scientifiques concernant de possibles liens avec le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et les perturbations du microbiote intestinal. Enfin, plusieurs études montrent qu’il n’aurait aucun effet positif sur le poids et pourrait même, sur le long terme, favoriser le surpoids. Totalement l’inverse des promesses faites par les industriels. Au vu des risques et de l’inutilité de l’aspartame, il est nécessaire de le sortir de notre alimentation. Soyons de plus en plus nombreuses et nombreux pour accentuer la pression sur les industriels et les politiques.
La Commission européenne temporise
Interpellée par foodwatch lors du lancement de la campagne, la Commission a répondu qu’elle considérait que la recommandation actuelle de l’EFSA en matière d’apport restait protectrice pour la population générale. Elle a ajouté que deux édulcorants apparentés – l’E961 (néotame) et l’E962 (sel d’aspartame-acésulfame) – étaient en cours de réévaluation et que les nouvelles données concernant l’aspartame seraient prises en compte dans ce processus.
Avec la parution de nouvelles études en 2025 et la montée de la pression citoyenne, le débat sur la sécurité de l’aspartame est loin d’être clos. Au moment de la rédaction, il ne semble pas que la Commission européenne soit prête à prendre des mesures de précaution.
Depuis février 2025, nos demandes de rendez-vous auprès du cabinet de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, afin de lui remettre les 250 000 premières signatures de la pétition, ont été refusées sans de véritables justifications. Ignorer la voix des citoyens est inacceptable, et vous pouvez compter sur nous pour les porter jusqu’à ce que les représentants au sommet de l’Union européenne les entendent.