Sucre, mensonges et étiquettes

Sucre, mensonges et étiquettes

L’une des arnaques préférées des fabricants est aussi l’une de celles qui a les conséquences les plus graves pour la santé. Elle consiste à masquer, minimiser ou camoufler la présence de sucre, parfois présent en quantités considérables, y compris dans des aliments où on ne l’attend pas.

De quoi parle-t-on ici ? Fructose, mélasse, dextrose… Des dizaines de termes peuvent recouvrir la notion de sucre. Mais rappelons que la dénomination légale est la suivante : le sucre (au singulier) désigne le saccharose (communément extrait de la betterave sucrière ou de la canne à sucre), alors que « les » sucres désignent l’ensemble des glucides simples. On parle de sucre ajouté lorsqu’il n’est pas naturellement présent avant la transformation du produit, comme par exemple dans le fruit.

Un ingrédient omniprésent…

Si beaucoup de consommateurs pensent logiquement que le sucre ajouté se trouve principalement dans les desserts, gâteaux et autres biscuits, en réalité les fabricants ne se privent pas d’en saupoudrer un peu partout. 74% des produits vendus dans les supermarchés contiennent du sucre ajouté . Ainsi, on le retrouve également dans les produits salés comme la vinaigrette, la sauce barbecue, le pain à burger, les briques de soupe, la viande hachée la sauce tomate, la charcuterie et bien d’autres.

Le sucre est souvent utilisé pour rééquilibrer le goût d’un produit à moindre coût, et les industriels abusent souvent de cette pratique. Par exemple, dans une sauce à base d’huile, le sucre peut remplacer une partie de la quantité d’huile normalement présente dans le produit : c’est moins cher ! On en retrouve aussi dans les produits dits allégés, dont beaucoup sont certes moins gras, mais d’autant plus sucrés.

… qui présente de multiples risques

L’impact de cet usage exagéré du sucre par les fabricants se fait déjà sentir dans les pays industrialisés. Les professionnels de la santé jugent que la consommation excessive de sucre est largement responsable de l’explosion de l’obésité dans le monde, et de nombreuses maladies qui y sont liées. Car le sucre a peu de valeur nutritionnelle, mais possède en revanche trois effets que les autres aliments n’ont pas : il provoque l’accumulation de graisse dans le foie, accélère le vieillissement cellulaire, et  empêche le cerveau de véhiculer la sensation de satiété.

Par conséquent, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est positionnée pour une limitation de la consommation de sucre. Elle recommande de « ramener l’apport en sucres libres  à moins de 10% de la ration énergétique totale chez l’adulte et l’enfant, soit à 50 grammes par jour. Il serait encore meilleur pour la santé de réduire l’apport en sucres à moins de 5% de la ration énergétique totale . » Or 4 Français sur 10 dépassent les 50 grammes de sucres libres par jour.

Etiquettes : quand le sucre joue à cache-cache

Beaucoup de fabricants utilisent ainsi du sucre pour remplacer des ingrédients possédant de meilleures qualités nutritionnelles pour des raisons de coût, mais également parce que le sucre crée une certaine addiction. Mais ils sont loin de s’en vanter, bien au contraire. Nombre de produits excessivement sucrés ne sont pas identifiables comme tels par les consommateurs. Les étiquettes restent trop souvent floues ou complètement muettes.

Quelques exemples :

  • Capri-Sun « multivitamin » veut faire croire aux parents qu’ils achètent une boisson contenant essentiellement des fruits pour leurs enfants, dissimulant le sucre ajouté dans l’eau. A grand renfort de marketing et de partenariats ciblant directement les plus jeunes, Capri-Sun se présente comme « idéale pour égayer le goûter de vos enfants ». Or la boisson ne contient que 12% de jus (à base de concentré), mais 19g de sucre par portion.
  • Le « smoothie yogurt » de la marque « La Fermière » dont le slogan, en toutes lettres sur l’avant de l’emballage évoque « du yaourt (75%), du fruit (25%) et rien d’autre ! ». C’est oublier que le yaourt en question est déjà sucré, information mentionnée uniquement dans la liste des ingrédients au dos de l’emballage. Encore une arnaque.
  • Le « pain hot-dog prétranché » Carrefour contient pas moins de 8.8 grammes de sucres pour 100 grammes. Inattendu dans un produit « salé », ce fort apport en sucre reste insoupçonnable pour la majorité des consommateurs.