FAQ - Promotions en supermarché

Foire aux Questions - foodwatch répond à vos questions.

Foodwatch et 6 autres associations ont mené une enquête sur les promotions en supermarchés. Comment les promotions ont-elles été comparées aux recommandations de santé publique ? Comment les promotions sont-elles encadrées ? Pourquoi les promotions posent-elles des problèmes pour la santé publique et au sein de la chaîne de valeur agroalimentaire ? Décryptage.  

Nos réponses à vos questions

Par produits sains, on entend les aliments dont le PNNS 4 recommande d’augmenter la consommation sans fixer de quantité maximum à ne pas dépasser.  
Selon les recommandations du PNNS 4, les aliments sont classés en trois catégories pour guider les choix alimentaires.  

1/ Les produits à augmenter sont ceux à privilégier pour leurs bénéfices nutritionnels : fruits et légumes frais/surgelés/ou en conserve, légumineuses, fruits à coque non salés, céréales complètes, certaines huiles végétales (colza, noix, olive) et les produits biologiques.  

2/ Les produits à réduire sont ceux dont une consommation excessive peut nuire à la santé : aliments riches en sel, sucre, gras, ultra-transformés, viande rouge, charcuterie et produits Nutri-Score D ou E.  

3/ La catégorie "autres" concerne les aliments ne faisant pas l’objet d’une recommandation particulière (œufs, pommes de terre, etc.) et les produits dont la consommation est recommandée mais de façon modérée (produits laitiers : 2 portions par jour, poissons : 2 portions par semaine. 

Par ailleurs, si les recommandations du Programme National Nutrition Santé ou PNNS 4 ont été élaborées en prenant en compte les enjeux de nutrition et de santé humaine, elles présentent une cohérence avec les régimes alimentaires durables identifiés dans la littérature scientifique1. 

Faute de repères chiffrés plus précis ou de consensus scientifique sur leur consommation, certains aliments ne sont ni recommandés comme étant “à augmenter” ou “à réduire” par le PNNS 4. Notre enquête les classe dans une catégorie dite "autres". C’est le cas par exemple des produits laitiers (recommandés à raison de 2 par jour) et du poisson (2 fois par semaine), pour lesquels les autorités de santé publique préconisent une consommation "suffisante mais limitée".  

Les pesticides et les résidus de pesticides dans notre alimentation sont autant un enjeu de préservation environnementale qu’une question de santé publique. Aujourd’hui, seul le label bio interdit l’utilisation des pesticides chimiques dans la production de notre alimentation. Les recommandations de santé publique précisent que manger des fruits et des légumes est un critère prioritaire de consommation : c’est pour cela qu’ils doivent être rendus accessibles à toutes et tous. Si les fruits et légumes sont bio, c’est encore mieux ; c’est la raison pour laquelle les associations portent une demande spécifique sur les promotions pour les produits sains biologiques. En parallèle de cette campagne, de nombreuses organisations, dont Foodwatch et le Réseau Action Climat, luttent pour réduire ou interdire les pesticides.  

Aujourd’hui dans les supermarchés, les ⅔ des promotions alimentaires portent sur des produits dont la consommation est à réduire. Les associations demandent que la tendance s'inverse et que la majorité - c’est-à-dire au moins la moitié - des promotions portent sur des produits sains et durables, suivant les recommandations de santé publique. Le pourcentage de promotions demandées sur la part de produits biologiques a été discuté avec des acteurs de la bio, le chiffre proposé suit leur recommandation. Proposer une offre alimentaire saine, choisie, durable et abordable est de la responsabilité des distributeurs ; proposer des promotions sur des produits sains et durables est le minimum que les enseignes puissent faire.  

L’enquête menée par les 7 associations analyse les pratiques promotionnelles des 5 principaux distributeurs français en parts de marché, considérant que celles-ci reflètent globalement les pratiques du secteur, raison pour laquelle la pétition lancée par les associations interpelle l’ensemble des distributeurs. Proposer une offre alimentaire saine, choisie, durable et abordable est de la responsabilité des distributeurs ; proposer des promotions sur des produits sains et durables est le minimum que les enseignes puissent faire ; or, à l’heure actuelle, aucune ne fait majoritairement de promotions sur les produits sains et durables.

Nous portons auprès des distributeurs les attentes des Françaises et Français, qui sont près de 90% à vouloir que les promos concernent en majorité des aliments sains ! Ce que nous voulons influencer, c’est l’offre et l’environnement alimentaire délétère imposés par les distributeurs et les industriels de l’agroalimentaire, afin de permettre à toutes et tous d’avoir accès à une alimentation saine, choisie, durable et abordable. Par la pression marketing, les pratiques promotionnelles, le placement des produits en rayon, c’est cette même offre alimentaire qui tente d’influencer les choix des consommatrices et consommateurs, au détriment de leur santé, et sur laquelle nous cherchons à agir. Nous militons pour que chaque consommatrice et consommateur puisse faire des choix alimentaires conscients, justes et dignes. 

Les promotions sont problématiques car elles sont en contradiction avec les recommandations nutritionnelles de santé, qui préconisent de réduire la consommation de produits gras, sucrés et salés, de viande et charcuterie et d’aliments ultra-transformés, et de consommer davantage d’aliments végétaux de bonne qualité nutritionnelle. Les distributeurs décident donc d’inciter leurs clientes et clients à acheter et consommer davantage de produits mauvais pour leur santé et pour l’environnement, plutôt que de les encourager à consommer des produits meilleurs pour leur santé et l’environnement. 

Les distributeurs encouragent non seulement les achats impulsifs de produits généralement de mauvaise qualité nutritionnelle, mais ils incitent aussi, par leurs promotions en volume (“2 achetés, 1 offert”, “le 2ème à -50%”, etc.), à acheter beaucoup plus de produits que ce dont ils ont besoin. Ces promotions incitent non seulement à la surconsommation, mais elles sont aussi des facteurs de gaspillage alimentaire, et vont également augmenter les dépenses des ménages sur les produits en promotion, et limiter leur pouvoir d’achat pour des produits sains. 

Sur certaines catégories de produits, les promotions sont des facteurs non seulement de dégradation écologique et sanitaire, mais aussi de destruction de valeur économique :  

Les éleveurs de cochons et les producteurs de viande s’insurgent régulièrement contre les promotions des distributeurs sur les pièces de porc parfois vendues à moins de 2 €/kg, dénonçant “une destruction de valeur et une dévalorisation de l’image de la production porcine”2.  

Sur d’autres catégories de produit comme les produits d’épicerie, il est fréquent que le distributeur réclame à ses fournisseurs des avantages commerciaux et des contreparties financières en échange de services de mise en avant du produit (en catalogue ou en tête de gondole par exemple), qui correspondent aux fameuses “marges arrière” qui contribuent à la rentabilité de la grande distribution. Les distributeurs exigent parfois des contreparties de façon abusive, sans nécessairement d’ailleurs honorer les services qu’ils ont forcé leur fournisseur à leur acheter (comme par exemple la sortie du produit en promotion du “fond de rayon” pour être exposé en tête de gondole) 

Les promotions pour les produits alimentaires sont encadrées par les lois EGalim qui se sont succédées depuis 2018. Ces promotions font l’objet d’une limitation à la fois en valeur et en volume. Concernant leur limitation en valeur, la DGCCRF résume “les avantages promotionnels, le cas échéant cumulés, pour un produit déterminé, ne peuvent pas être supérieurs à 34% du prix de vente au consommateur ou à une augmentation de la quantité vendue équivalente”. Autrement dit, les promotions de type “1 acheté, 1 offert” ou “50% de réduction” ne sont pas autorisées, alors que les promotions de type “2 achetés, 1 offert” ou “30% de réduction” sont autorisées. 

Concernant leur limitation en volume, les promotions doivent porter sur une quantité de produits ne représentant pas plus de 25 % du volume ou du chiffre d’affaires annuel représenté par un produit donné. Autrement dit, la loi interdit aux distributeurs que plus de 25% de leurs ventes d’un même produit (un paquet de biscuits A de la marque B ou une bouteille de soda C de la marque D) soient vendus en promotion. 

En revanche, les distributeurs n’ont aucune contrainte concernant le choix des produits en promotion : c’est aussi la raison pour laquelle nous dénonçons ces pratiques promotionnelles. Proposer une offre alimentaire saine, choisie, durable et abordable est de la responsabilité des distributeurs ; proposer des promotions sur des produits sains et durables est le minimum que les enseignes puissent faire. Le gouvernement pourrait agir et utiliser le levier réglementaire pour obliger les industriels à consacrer une part de leurs promotions à des produits bons pour la santé et l’environnement.  

A noter que les promotions pour des produits périssables menacés d’altération rapide, comme les produits à date limite de consommation courte, ne sont pas concernés par ces limitations. 

Un Aliment Ultra-Transformé (AUT), selon la classification NOVA, est un produit issu de procédés industriels qui contient peu ou pas d’ingrédients bruts. Ils sont souvent fabriqués à partir d’ingrédients que l’on ne trouve pas dans une cuisine ménagère (comme des sirops de glucose, des huiles hydrogénées, des isolats de protéines) et contiennent souvent des additifs (colorants, arômes, émulsifiants) destinés à modifier le goût, l’apparence ou la texture d’un aliment. L’étude Nutri-Net Santé a suggéré une association entre la consommation d’AUT (selon la définition NOVA) et le risque de développement de maladies chroniques. Le Plan National Nutrition Santé (PNNS 4) fixe pour objectif de réduire la consommation d’AUT (en utilisant la classification NOVA). 

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