15 revendications pour un étiquetage fiable

15 solutions pour un étiquetage fiable

De nombreuses étiquettes induisent les consommateurs en erreur, la plupart du temps dans un cadre tout à fait légal, sans que le fabricant ne transgresse les lois d’étiquetage des denrées alimentaires. Comment est-ce possible ? Abuser le consommateur devrait être interdit par la législation. foodwatch présente donc un plan d’action pour réguler l’étiquetage à un niveau national et européen : 15 points pour plus d’honnêteté sur les emballages et dans la publicité.

Problème n°1. La dénomination et la présentation du produit ne reflètent pas son contenu.

On retrouve souvent des informations importantes qui ne figurent que sur la face arrière des produits alimentaires, en tout petits caractères, alors que la plus grande partie de l’emballage est consacrée aux arguments publicitaires, qui en accaparent notamment la face avant. Résultat : les informations mises en avant sur nombre de produits alimentaires induisent les consommateurs.trices en erreur. 

Solution n°1. Mention des caractéristiques objectives du produit sur la face avant de l’emballage. 

L’étiquetage doit refléter la réalité du produit. Les informations objectives décrivant les produits doivent être présentées de façon parfaitement lisible. Il ne doit pas y avoir de contradiction ni d’ambiguïté entre les arguments publicitaires et les caractéristiques du produit ou le mode de production.

Problème n°2. Les informations importantes sont quasi illisibles.

Pour beaucoup de personnes, surtout celles qui ont des problèmes de vue, les détails qui doivent obligatoirement figurer sur tous les produits alimentaires et boissons sont à peine lisibles. En effet, sur les emballages, la taille de police minimum fixée par l’Union européenne est de 1,2 mm seulement (voire 0,9 mm pour le “x” minuscule sur les petits emballages). Par ailleurs, la lisibilité des informations est également limitée par le contraste insuffisant entre le fond et la couleur de la police, ou encore par la taille réduite des espaces entre les caractères/lignes. Aucun de ces points n’est suffisamment encadré par la loi.

Solution n°2. Obligation de lisibilité des informations. 

Toutes les mentions obligatoires doivent être clairement visibles et lisibles. Les législateurs doivent imposer des critères de facilité de lecture comme ceux formulés par les associations de personnes âgées pour les médias imprimés, comme référence sur tous les emballages de produits alimentaires et boissons. Ces critères incluent notamment la taille de la police, l’espacement entre les caractères/lignes et le contraste entre les couleurs. 

Problème n°3. L’emballage vante la présence d’un ingrédient utilisé en infime quantité, voire totalement absent. 

Le nom du produit et les illustrations qui figurent sur la face avant de l’emballage ne reflètent pas toujours les justes proportions des ingrédients utilisés. Ils suggèrent même parfois la présence d’ingrédients qui n’entrent pas du tout dans la composition du produit. Il peut s’agir d’un ingrédient alléchant vanté en image et/ou dans le nom mais présent en une infime quantité. Ou l’évocation d’un goût qui ne provient pas de l’ingrédient auquel il fait référence mais est issu d’arômes synthétiques, non issu de l’ingrédient en question. 

Solution n°3. Réalisme des noms et illustrations de produits. 

La représentation d’un aliment sur son emballage doit correspondre à la réalité du produit. Les illustrations enjolivées et les « suggestions de présentation » doivent être interdites. Si certains ingrédients sont mis en exergue à des fins publicitaires, par des mentions ou des représentations graphiques, le fabricant doit spécifier de façon bien visible la part que représente cet ingrédient (en pourcentage) dans le produit. En règle générale, la liste des ingrédients doit inclure la part de chacun d’eux dans le poids total du produit. 

Problème n°4. L’origine d’un produit et de ses ingrédients est floue.

La majorité des produits alimentaires ne propose pas suffisamment d’informations pour permettre aux consommateurs·trices de savoir d’où viennent les ingrédients qui les composent. En outre, les termes comme « du terroir » ou « régional » n’étant pas protégés par la loi, les fabricants les utilisent volontiers comme arguments de marketing – sans qu’ils reflètent obligatoirement l’origine réelle des ingrédients. Le « made in France » par exemple est utilisé à outrance à l’avant de l’emballage à grand renfort de drapeau bleu-blanc-rouge ou d’hexagone alors que bien souvent les ingrédients viennent de partout… sauf de France

Solution n°4. Précision des indications d’origine.

Les producteurs doivent être contraints d’indiquer le pays d’origine des ingrédients principaux  entrant dans la composition de leurs produits. Quant aux indications d’origine, elles apparaîtront sur l’emballage uniquement si elles correspondent réellement à la provenance des ingrédients principaux, et si la région d’origine est précisée pour chacun d’eux. En ce qui concerne les produits contenant des ingrédients provenant de pays hors Union européenne, le pays d’origine peut être considéré comme une indication suffisante.

Problème n°5. Aucune transparence sur les véritables qualités nutritionnelles

Les valeurs nutritionnelles d’un aliment figurent généralement au dos de la boîte, du bocal ou du paquet, en petits caractères. Les RNJ (repères nutritionnels journaliers, ou GDA pour Guideline Daily Amount) présentés à l’avant de l’emballage en pourcentages, permettent aux fabricants d’enjoliver la valeur nutritive des aliments en jouant sur des portions irréalistes ou des valeurs indicatives fantaisistes.

Solution n°5. Clarté des données nutritionnelles. 

Les valeurs nutritionnelles doivent être présentées de façon lisible et compréhensible sur la face avant des emballage, afin que les consommateurs·trices puissent comparer les produits entre eux d’un seul coup d’œil. foodwatch estime que les systèmes les plus efficaces sont les logos colorés – tels que le Nutri-score employé en France ou encore les feux tricolores sur le modèle original de la Food-Standards-Agency (FSA), l’agence de sécurité alimentaire britannique. Un tel logo nutritionnel doit devenir systématique, obligatoire en Europe et apposé à l’avant des denrées. 

Problème n°6. Les arômes et additifs qui ne disent pas leur nom et les fausses promesses du ‘sans’ ceci, ‘sans’ cela.   

L’étiquetage actuel des arômes et additifs (numéros E) induit en erreur. Les arômes obtenus à partir de produits non alimentaires sont utilisés pour imiter des goûts naturels – sans que les consommateurs·trices, en général, en soient informés. Les fabricants sont également autorisés à utiliser des additifs dont l’impact sur la santé est pourtant controversé , comme le E250 (nitrite de sodium) et le E450 (diphosphates)

Les boissons et produits alimentaires affichant un “clean label" (“sans exhausteur de goût", par exemple) mettent en avant le fait qu’ils ne contiennent pas certains additifs, alors que d’autres de leurs ingrédients (l’extrait de levure, par exemple) ont un effet ou une fonction très similaire.

Solution n°6. Clarté des informations sur les arômes et additifs, pas de "clean label" trompeur.

L’utilisation d’arômes et d’additifs doit être transparente. Si les arômes proviennent d’ingrédients qui entrent dans le cadre de la législation alimentaire, ils seront qualifiés d’"arôme naturel” dans la liste des ingrédients, avec la mention du produit dont ils proviennent – tous les autres doivent être assortis, dans la liste des ingrédients, de la mention "d’origine non alimentaire.”  

Tous les additifs aux effets controversés sur la santé devraient être interdits. 

Dès qu’un “clean label” clame l’absence de certaines substances (exhausteurs de goût, par exemple, ou colorants), il est interdit de les remplacer par d’autres ingrédients ayant le même effet, ou un effet similaire.

Problème n°7. Des animaux se cachent dans notre alimentation

De nombreux produits alimentaires sont fabriqués à partir d’ingrédients, d’additifs ou d’auxiliaires technologiques d’origine animale – sans que les consommateurs·trices en soient informés au premier coup d’œil. De plus, tous les ingrédients d’origine animale entrant dans la composition des produits à base de viande et de poisson n’apparaissent pas sur la face avant de l’étiquetage. Voilà qui réduit considérablement la liberté de choix des végétariens, par exemple, des véganes ou de tous ceux qui veulent observer certains régimes alimentaires particuliers.

Solution n°7. Transparence des ingrédients d’origine animale.

Les ingrédients, additifs ou auxiliaires technologiques d’origine animale entrant dans la composition d’un produit doivent être clairement mentionnés, avec le nom de l’espèce animale dont ils proviennent. Cela concerne aussi les arômes d’origine animale, ainsi que les résidus liés au processus de production. Les consommateurs·trices qui souhaitent renoncer entièrement à tout aliment ou boisson d’origine animale doivent en avoir la possibilité. En outre, toutes les espèces entrant dans la fabrication de produits à base de viande ou de poisson doivent systématiquement figurer à l’avant de l’emballage, ainsi que leur quantité en pourcentage total du produit.

Problème n°8. Nous mangeons des OGM sans le savoir

La plupart des consommateurs·trices en Europe sont contre l’utilisation d’organisme génétiquement modifiés dans l’agriculture et les OGM dans l’alimentation. Et pourtant, impossible desavoir, au moment de l’achat, si des produits comme la viande, le lait ou les œufs proviennent d’animaux qui ont été nourris avec des aliments pour animaux génétiquement modifiés. Les éleveurs, eux, sont censés le savoir. Mais en bout de chaîne, les fabricants ne sont pas contraints de l’indiquer sur l’étiquette. 

Solution n°8. Étiquetage systématique obligatoire des produits à base d’OGM.

Les consommateurs·trices doivent pouvoir décider en connaissance de cause s’ils cautionnent, ou pas, l’emploi d’OGM dans les cultures et l’élevage. Les aliments d’origine animale provenant d’un élevage nourri avec des aliments génétiquement modifiés doivent être étiquetés en tant que tels.

Problème n°9. L’authenticité est plus un argument de vente, qu’une réalité 

En usant de termes associés à une recette « traditionnelle », « artisanale » ou « rustique » , nombre de fabricants suggèrent une certaine qualité, alors qu’ils proposent en réalité des produits industriels, parfois ultra transformés. 

Solution n°9. Transparence des méthodes de production et des ingrédients

Lorsque la méthode de fabrication d’un aliment est érigée en argument publicitaire, cette allégation doit être étayée par des données concrètes. L’emploi de termes comme « traditionnel », « artisanal » ou « rustique » pour promouvoir des produits alimentaires industriels qui contiennent des ingrédients qui n’ont rien de traditionnel doit être interdit. Quant aux produits alimentaires d’imitation, ils doivent porter, à l’avant de l’emballage, un descriptif exprimant de façon claire que leur composition est différente du produit original. 

Problème n°10. Des produits contiennent de l’alcool mais ne l’indiquent pas clairement

La teneur en alcool des produits alimentaires n’est pas toujours mentionnée sur l’emballage. Ainsi, en France, une boisson vendue sous l’étiquette « sans alcool » peut contenir jusqu’à 1,2% d’alcool. Par ailleurs, des aliments – des viennoiseries industrielles par exemple – présentant de l’« alcool » dans la liste d’ingrédients précisent rarement la quantité contenue dans le produit. 

Solution n°10. Signalisation des contenus alcoolisés liés à la production. 

En cas d’ajout d’alcool à un produit, ou de formation d’alcool au cours du processus de fabrication, la teneur en alcool du produit doit être mentionnée sur son emballage. Les produits contenant de l’alcool, même en quantité minime, ne doivent pas être étiquetés « sans alcool ». 

Problème n°11. Grand emballage, mais petit contenu. 

Une astuce pour faire payer le consommateur plus cher. Pour l’heure, seule prévaut une « valeur indicative » spécifiant un volume d’air de 30% au maximum dans l’emballage – plusieurs exceptions sont toutefois tolérées. 

Solution n°11. Transparence des taux de remplissage. 

Globalement, l’emballage doit être rempli autant que faire se peut. Les fabricants doivent faire apparaître le taux de remplissage de façon transparente à l’avant de l’emballage, en plus de la mention du poids net ou du volume net – en indiquant par exemple la hauteur du produit, en proposant un emballage transparent ou doté d’une fenêtre, ou en fournissant d’autres détails utiles pour évaluer le contenu de l’emballage (le nombre de bonbons dans un paquet, par exemple).

Problème n°12. Le marketing de produits trop gras, trop sucrés, trop salés cible les enfants.

Les fabricants de produits alimentaires vendent, à grand renfort de marketing, des produits trop sucrés, trop gras ou trop salés aux enfants, ou aux parents pour leurs enfants. Ainsi contribuent-ils à aggraver les mauvaises habitudes alimentaires. Or une alimentation peu saine et déséquilibrée est un important facteur de risque de surpoids et de maladies chroniques, comme le diabète de type II. 

Solution n°12. Interdiction de promouvoir des aliments mauvais pour la santé auprès des enfants

Les législateurs doivent définir des restrictions d’activités publicitaires et promotionnelles visant les enfants sur la base du modèle de profils nutritionnels  de l’OMS-Europe. Seuls les produits alimentaires qui satisfont aux exigences de l’OMS peuvent faire l’objet de publicité et/ou de marketing à l’attention des enfants. Les gouvernements doivent empêcher toute promotion d’aliments qui sont trop sucrés, trop gras et/ou trop salés  auprès des enfants, sur tous supports, compris à travers l’utilisant de personnages de dessins animés, des jeux, du sponsoring, en offrant des cadeaux, etc.  

Problème n°13. Trop de promesses santé et nutritionnelles non respectées. 

Les allégations fondées sur les bienfaits pour la santé ou les qualités nutritionnelles des aliments induisent souvent en erreur, et freinent le développement d’une alimentation saine et équilibrée. L’Union européenne autorise la promotion de produits alimentaires non équilibrés, comme les boissons sucrées ou les biscuits, pour leurs qualités nutritionnelles (« pauvre en sucre ») ou leur bénéfice sur la santé (« contribue au fonctionnement normal du système immunitaire »). La règlementation européenne prévoit d’interdire leur utilisation sur la base de « profils nutritionnels » que la Commission Européenne doit mettre en place depuis 2009. A ce jour, aucune mesure n’a pourtant été prise sous l’influence des lobbies agroalimentaires. De plus, certaines allégations relatives principalement aux plantes ont été mises en attente et peuvent être utilisées, bien qu’aucune preuve scientifique n’ait été établie au niveau européen.

Solution n°13. Finies les allégations de santé et nutritionnelles qui induisent en erreur !

L’Union européenne doit enfin ériger les profils nutritionnels en conditions préalables aux allégations nutritionnelles et de santé : seuls les produits alimentaires qui satisfont aux exigences des modèles de profils nutritionnels de l’OMS pourront être assortis d’allégations nutritionnelles ou de santé. Tant que les profils nutritionnels de l’OMS ne sont pas appliqués, il convient d’interdire l’usage de toutes les allégations nutritionnelles et de santé, en particulier celles qui n’ont pas été autorisées par la Commission européenne. Toutes les allégations doivent être passées en revue par celle-ci, et notamment celles qui ont été mises en attente. 

Problème n°14. Des dénominations inappropriées.

Un thé « cerise » sans cerises, une soupe « bœuf » sans bœuf : les dénominations des produits induisent souvent en erreur. Cela se produit notamment lorsqu’il n’existe pas de règles claires de dénomination des produits ou lorsque ces règles sont définies par l’industrie agroalimentaire elle-même. 

Solution n°14. Finis les noms de produits qui induisent en erreur ! 

Les critères qui président à la définition des noms de produits alimentaires doivent résulter d’un processus transparent et démocratique, s’appuyant sur les attentes des consommateurs·trices. 

Problème n°15. Pas de recours possible pour les consommateurs?rices induits en erreur

La réglementation ne suffit pas à prévenir tous les problèmes d’étiquetage et de promesses publicitaires non-tenues. Ces pièges à consommateurs sont favorisés par l’insuffisance de l’arsenal de poursuites légales.

Solution n°15. Renforcement du droit à l’information et du recours juridique des associations de consommateurs. 

Les associations de consommateurs doivent pouvoir disposer d’un droit d’action collective au niveau national et européen, afin d’engager des actions en justice sur la base de la législation alimentaire. Les droits à l’information des consommateurs·trices ne doivent plus se limiter aux autorités gouvernementales : les entreprises, elles aussi, doivent être soumises à une obligation d’information sur leurs produits.