Actualités 12.05.2016

Viande et lait dans nos aliments : l'étiquetage d’origine bientôt obligatoire ?

Le Parlement européen a adopté ce 12 mai une résolution favorable à l'étiquetage obligatoire indiquant le pays d'origine sur les aliments à base de viande et les produits à base de lait, par 422 voix pour, 159 contre et 68 abstentions. Une majorité de consommateurs réclame cette mesure depuis des années. Ce vote n’étant pas contraignant, la Commission européenne doit maintenant proposer une législation en ce sens. L'étiquetage obligatoire contraindrait enfin l'industrie alimentaire à être non seulement plus transparente sur l’origine des ingrédients mais aussi à mettre place un système de traçabilité fiable. Le système actuel ne fonctionne pas, de l’aveu même de la Commission européenne.
 

Or pour les consommateurs, ces informations sont essentielles : 84% des citoyens de l'UE estiment nécessaire d'indiquer l'origine du lait, 88% considèrent un tel étiquetage nécessaire pour la viande (autres que la viande bovine, porcine, ovine, caprine et la viande de volaille, qui sont déjà couvertes), et plus de 90% considèrent comme important l'étiquetage des aliments transformés (source : enquête Eurobaromètre 2013).

La France prête à aller plus vite

Sans attendre une législation européenne, la France a d’ores et déjà  pris les devants et demandé en février dernier à la Commission d’examiner un projet de décret qui rendrait précisément cet étiquetage obligatoire pendant une phase expérimentale d’un an. La Commission doit se prononcer d’ici le 12 juin 2016. Si l’Europe donne son feu vert à la France, tous les produits à base de viande ou de lait et fabriqués en France devront donc forcément mentionner l’origine des ingrédients, y compris dans les plats transformés.

Actuellement, l’indication de l'origine des ingrédients n’est obligatoire que sur certains produits :

  • pour la plupart des fruits et légumes, le pays d'origine doit figurer sur l'étiquette ;

  • pour les œufs frais, le code-barres comporte des informations sur le lieu de ponte ; 

  • depuis la crise de la vache folle, la viande de bœuf  non transformée est soumise à l'obligation de fournir des informations détaillées sur l'emballage ;

  • depuis avril 2015, l'étiquetage du lieu d'élevage et d'abattage est étendu aux volailles et à la viande de porc, de mouton et de chèvre non transformée.

Fabricants et lobbies pèsent de tout leur poids pour éviter de se trouver contraints par la loi de transmettre aux consommateurs la provenance de leurs produits. D’autres – comme les entreprises françaises des viandes – sont, en revanche, favorables à une indication obligatoire de l’origine des viandes utilisées en tant qu’ingrédients.

foodwatch exige :

Les fabricants doivent enfin être tenus d'indiquer le pays d'origine des principaux ingrédients de leurs produits. Ils doivent maîtriser l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, et donc l'origine des ingrédients utilisés, et restituer ces informations aux consommateurs. C'est pourquoi foodwatch demande que l’engagement ne se limite pas à l’adoption par les députés du Parlement européen de la résolution sur l'indication d'origine obligatoire pour le lait, les produits laitiers et la viande légèrement transformée, telle qu'elle a déjà été validée par la commission compétente du Parlement européen (commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, ou ENVI). La Commission européenne doit passer à l'action ; elle doit formuler sans attendre une proposition législative allant dans le même sens.