Actualités 04.02.2022

Charcuterie : bonne ou mauvaise nouvelle cette loi sur les nitrites ajoutés ?

93 voix pour, 1 voix contre, 1 abstention  : la loi nitrites vient d’être adoptée ce jeudi 3 février à l’Assemblée nationale. Si l’interdiction de ces additifs ajoutés dans la charcuterie permettrait d’éviter des milliers de cancers, la loi ne les bannit pas (encore) de nos assiettes. A la place, elle propose de réétudier la question… dans quelques mois. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Décryptage d’un bien curieux vote. Une chose est sûre : votre mobilisation avec notre coalition foodwatch-Yuka-Ligue contre le Cancer a payé et elle va être nécessaire pour en finir, enfin, avec ces nitrites et nitrates ajoutés.  

La mauvaise nouvelle : face à un grand enjeu de santé publique, les député·es décident… de reporter leur décision.

Une avancée avec un vrai goût d’inachevé, c’est en condensé l’impression que donne la loi nitrites depuis qu’elle a été remaniée en Commission des Affaires Economiques le 26 janvier dernier. Une loi largement adoptée mais dont la substance a été réduite… à un planning de débats pour les 12 prochains mois et donc de décisions reportées. 

Mais pourquoi attendre ? Dans les rayons, les industriels montrent qu’ils peuvent se passer de ces additifs notamment connus pour garder votre tranche de jambon toute rose. Et l’enjeu de santé publique est aussi urgent qu’énorme. Le Centre international de Recherche sur le Cancer, agence de l’Organisation Mondiale de la Santé mais aussi des chercheurs de l’INRAe (l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) sont formels : ajoutés à la viande, les additifs nitrés peuvent contribuer à la formation de composés cancérogènes dans notre estomac. 

Avec l’interdiction des nitrites ajoutés dans l’alimentation, des milliers de cancers pourrait être évités. Or, au lieu de bannir ces additifs de notre alimentation, le gouvernement et la majorité des député·es ont préféré… attendre un nouvel avis scientifique : celui de l’ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Mais voilà, cet avis attendu pour 2021 a pris un sacré retard… Le calendrier est désormais annoncé pour le milieu de l’année 2022. L’ensemble des arguments sont pourtant déjà sur la table pour une action politique immédiate permettant de protéger la santé des citoyennes et des citoyens : appliquons le principe de précaution.

Alors que chaque jour qui passe est un jour en trop, la loi propose avant tout un calendrier qui reporte les décisions. Avec un tel enjeu revu à la baisse, bien peu de député·es ont osé voter contre. 

La bonne nouvelle : votre mobilisation empêche clairement l’inaction politique.

Si l’enjeu de ce vote du 3 février a perdu une bonne partie de sa substance, le tableau général reste assez impressionnant. 

Première bonne nouvelle : vous avez évité que la loi ne soit simplement balayée d’un revers de main. C’était clairement un risque, voire l’option la plus probable en fin d’année dernière. Seulement, en deux petites semaines, vous avez été 56 000 à écrire à vos député·es pour leur demander de défendre la santé publique. Au téléphone  avec l’un d’entre eux, nous entendions une pluie de mails qui inondait sa messagerie, soulignant clairement le succès de notre opération d’interpellation. Chaque participant·e a ainsi permis de témoigner d’un élan populaire.  

Anecdotique ? Loin de là. Cette mobilisation a un réel impact quand, en face, les industriels de la charcuterie tels qu’Herta, Auvernou, Cochonnou, Aoste, Madrange, Bordeau Chesnel et autres Montagne noire, cachés derrière leur lobby en chef, la FICT , multiplient les coups bas pour empêcher cette interdiction. De l’attaque en justice de Yuka en passant par la création il y a quelques années d’un site web 100% lobbying autour des nitrites ou encore des discours inversant nettement la charge de la preuve… l’artillerie lourde déployée par le lobbying pro-nitrites  n’a pas réussi a chassé l’idée d’une interdiction des nitrites ajoutés. Et ça, cela reste une bonne nouvelle. 

Deuxième bonne nouvelle : que de chemin parcouru dans ce marathon de mobilisation. Rappelons-nous bien d’où nous partons. Il y a deux ans à peine foodwatch lançait la pétition commune avec Yuka et la Ligue contre le Cancer pour demander l’interdiction des additifs à base de nitrites et nitrates dans l’alimentation. 12 mois et 160 000 signatures plus tard, le sujet s’invitait dans l’arène politique avec des député·es qui se sont saisi·es de cet appel. Les 9 mois suivants furent rocambolesques. 

Pendant que plusieurs élu·es – Richard Ramos, Michèle Crouzet et Barbara Bessot-Ballot- menaient leur mission parlementaire confirmant l’urgence sanitaire à interdire les additifs nitrés dans notre alimentation, le lobby de la charcuterie la FICT, acculé, sortait les crocs en entamant un harcèlement judiciaire à l’encontre de notre partenaire Yuka. Mais en interrogeant scientifiques, industriels et ONG, les conclusions de la mission parlementaire ont été sans équivoques : il est temps d’interdire ces additifs. Si la loi aujourd’hui votée reporte le débat, le chemin parcouru par notre mobilisation est très encourageant. 

Oui, il reste encore du pain sur la planche et chaque voix compte pour peser dans cet âpre débat. Ajoutez la vôtre. 

Rejoignez le mouvement pour une alimentation sans risque : signez la pétition.

Questions / Réponses sur les nitrites ajoutés

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