Actualités 01.04.2022

Huile de palme, OGM : comment la guerre en Ukraine change discrètement les recettes de vos aliments préférés

Chips, pesto, frites, biscuits, cakes… des milliers de produits alimentaires sont en train de changer leurs recettes sans qu’on ait vraiment l’info. Par exemple, l’huile de tournesol qui les compose est peu à peu remplacée par de l’huile de palme, de colza ou encore de soja à cause des problèmes d’approvisionnement liés à la guerre en Ukraine. Si ces modifications sont compréhensibles dans les circonstances, foodwatch lance une pétition pour que ces changements de recettes ne s’opèrent pas en catimini.  Pas de dérogations sur notre droit à l’information : nous avons tous et toutes le droit de savoir ce que l’on mange. 

Connaissez-vous cette campagne historique de foodwatch, avec une pomme étiquetée banane ? 

Elle prête à sourire mais se révèle malheureusement terriblement d’actualité. 

En effet, dans une à deux semaines, quand vous lirez « huile de tournesol » sur vos biscuits, vous risquez d’avoir à la place… de l’huile de palme ou de colza sans même le savoir. 

Vous achetez vos filets de poulets avec la mention « nourris sans OGM » ? Ils pourraient pourtant être nourris au soja OGM d’Amérique du Sud. Comment est-ce possible ? 
 

Huile de palme, soja, OGM… la guerre en Ukraine change les recettes de milliers d’aliments en France

Ce grand écart est lié à la guerre en Ukraine. L’Ukraine et la Russie sont en effet des exportateurs agricoles majeurs, notamment d’huile de tournesol ou encore de tourteaux pour l’alimentation animale. L’arrêt des exportations au départ de la mer Noire ainsi que l’embargo sur les produits russes conduisent à de fortes pénuries sur certains produits. 

En réaction, l’industrie agroalimentaire se tourne donc vers d’autres ingrédients. Elle change dans l’urgence ses recettes sans pour autant modifier son étiquetage aussi rapidement. Frites, biscuits, chips, pesto, plats préparés, pots pour bébé, poisson pané, sauces… la liste des aliments concernés est impressionnante. 

En France, les autorités publiques et l’industrie agroalimentaire parlent de milliers de produits devant faire l’objet de dérogations. 

En Europe, l'association européenne de l'industrie des huiles végétales et des farines protéiques reconnaît déjà que « Les opérateurs en aval ont réagi rapidement en décidant de reformuler leurs recettes de produits afin de remplacer l'huile de tournesol. Dans le cas des huiles de friture, il y a eu des remplacements d'huile de tournesol par l'huile de palme, l'huile de soja et l'huile de colza ». 

Ces changements sont-ils visibles en rayons, sur les emballages ? Les consommateurs et consommatrices ont-ils bien accès à ces informations ? 
 

Les ingrédients changent ? Pas de dérogation sur notre droit à l’information

A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle donc. Si ces dérogations sont compréhensibles, elles ne devraient pas servir d’excuse pour déroger à notre droit à l’information. 

foodwatch demande que l’information soit accessible partout : directement sur le produit, affichettes en rayons, communications sur le site des entreprises et leurs réseaux sociaux… cette communication claire doit permettre à chaque consommateur et à chaque consommatrice de savoir ce qu’il ou elle achète. 

Le contraire serait incompréhensible et ne ferait que renforcer un sentiment de défiance envers les marques. D’autant plus que, dans les ingrédients de remplacement souvent mentionnés, se trouvent l’huile de palme ou encore du soja OGM. Leurs cultures sont tristement réputées pour la déforestation qu’elles génèrent et pour certain.es, ce sont des critères d’achat. 

Les changements d’ingrédients soulèvent aussi la question de voir de potentiels allergènes se glisser dans les nouvelles recettes : les consommateurs doivent évidemment être prévenus sans délai. 

Le temps nous est compté : selon plusieurs sources, les stocks de tournesol seraient épuisés à la mi-avril. Les changements de recettes se font donc maintenant. Les réunions de concertation pour ces dérogations sont en cours. 

Avec nous, demandez aux dirigeants de la grande distribution ainsi qu’au lobby de l’agroalimentaire (l’ANIA) de nous informer clairement sur les changements de recettes. Réclamez un accès facile à l’information sur les reformulations et leurs raisons : allergènes, origine, modification d’ingrédients, etc. 

Signez et partagez la pétition !

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