Actualités 01.08.2023

Plein de vide et suremballage : après la mise en demeure de 5 marques, foodwatch et Zero Waste exigent des engagements

Fin juin, foodwatch et Zero Waste France ont mis en demeure Mondelez International (Côte d’Or), Rana, Daco Bello, Herta et Carambar (Krema). Notre demande : qu’elles mettent fin au plein de vide et au suremballage constatés sur 5 produits alimentaires. Nous laissions 30 jours aux marques pour nous répondre et mettre fin à ces pratiques à contre-courant de l’urgence écologique et du besoin de (beaucoup) plus de transparence sur les produits alimentaires. Retour sur les réponses des marques et la suite de notre stratégie.

Réponses des marques : 1 victoire pour 4 pirouettes

5 marques, 5 produits épinglés, et un délai de 30 jours pour répondre sur le « plein de vide » et le suremballage de leurs produits : voilà quelques chiffres qui résument l’action lancée par foodwatch et Zero Waste France il y a un mois. Bilan de l’équation : des courriers de réponse des marques ont atterri sur le bureau des avocats de nos associations dans les temps, pour certains dans les derniers jours impartis. Une nouvelle preuve, s’il en fallait, que la somme de nos actions, de la mobilisation citoyenne et de la pression médiatique rend impossible pour les industriels de nous ignorer. 

La bonne nouvelle, c’est que les marques ont répondu à l'ultimatum fixé, avec des courriers détaillés. Rana, Herta, Daco Bello, Krema et Côte d’Or semblent avoir pris très au sérieux la mise en demeure de nos associations et l’interpellation  des milliers de citoyen·nes qui ont soutenu notre mise en demeure. 

Dans le contenu, elles prennent des engagements très généraux, montrant qu’elles reconnaissent le problème. Mais comme toujours, ces engagements manquent de concret. Chacun de ces industriels prétend être soumis à des contraintes techniques nécessitant l’utilisation du vide qui a été pointé du doigt et explique dans de longs propos les aspects détaillés du conditionnement de leur produit : 

•    Mondelez France, épinglé pour les Carré noir noisettes entières Côte d’Or, explique que le conditionnement de son produit – vide à 60% et doublement emballé – permet de protéger les chocolats de la mise en sachet au scellage, jusqu’au transport et en supermarché. Pourtant, on trouve facilement au détour d’un rayon des produits quasi-similaires mieux remplis…  Précisant ses engagements visant à « soutenir le développement d’une économie circulaire de l’emballage », Mondelez France indique que ses équipes travaillent pour remplacer l’emballage actuel, en plastique, par du papier. Mais pour quand ? Et quid de la réduction du vide ? Pour foodwatch, le travail est fait à moitié. 

•    Carambar, dont les sachets de bonbons Batna de Krema sont vides à 44%, le justifie en détaillant l’opération de scellage nécessaire pour protéger les bonbons. Mais là encore, on trouve dans les rayons d’autres paquets de produits similaires mieux remplis… pourtant probablement confrontés au même « problème » technique ? L’entreprise indique faire « des travaux de recherche depuis plusieurs années sur le sujet des plastiques », et chercher des solutions alternatives. In fine, la réponse de Carambar est plus vide d’engagement que son paquet de bonbons : copie à revoir ! 

•    Herta, ciblé pour ses barquettes d’allumettes fumées vides à 54%, « tient à rappeler que les barquettes plastiques sont des garantes de l'intégrité et de la sécurité alimentaire des produits frais ». Un argument technique qui semble ne pas bien marcher là encore une fois dans les rayons, puisqu’on trouve des boites de lardons ou d’allumettes moins vides...     

    Rana, dont le sachet de raviolis aux cèpes mis en cause contient 60% de vide, explique que les sachets de pâtes fraîches sont « conditionnés sous atmosphère modifiée » et que l’espace vide pointé du doigt permet entre autres d’éviter la contamination bactérienne du produit. Mais Rana ne fait annonce d’aucun engagement, ni sur ce produit ni plus largement sur sa gamme. Quant à sa responsabilité en tant qu’industriel de réduire sa production de déchets… Nada ! Inadmissible quand l’on peut trouver dans les rayons des produits quasiment similaires plus remplis, juste à côté des raviolis Rana.  

•    Daco Bello avait réagi immédiatement à l’interpellation de nos associations. La marque explique que les noisettes visées, dont le sachet est vide à 68%, font partie d’une gamme de produits aux densités différentes, mais au même conditionnement, ce qui explique le vide présent. Un aveu de « plein de vide », et suivi d’engagements très concrets : la marque annonce un changement d’emballage « déjà en cours d’approvisionnement dans les magasins », une amélioration de leur outil industriel et « un nouveau matériel éco-responsable et recyclable » au premier semestre 2024. Une réponse claire, nette et précise : comme quoi, c’est possible ! 

La plupart des marques détaillent les aspects techniques du conditionnement de leur produit, mais se gardent bien de répondre au « plein de vide » qu'on leur reproche. Elles nous expliquent donc un état de fait sans s'engager sur la façon dont elles pourraient faire évoluer le processus technique en question pour réduire le vide constaté par nos deux associations.

Troisième étape : interpeler les autorités pour plus de contrôles et de sanctions. foodwatch et Zero Waste France ont joué son rôle de lanceur d’alerte : il est maintenant temps d’interpeller les autorités publiques   pour qu’elles agissent et jouent également leur rôle. Dans un courrier adressé  à la DGCCRF  (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes), foodwatch demande que la répression des fraudes investigue les 5 produits mis à jour par notre enquête et plus largement, les pratiques abusives de « plein de vide ». C’est à l’Etat de faire appliquer la loi et de la renforcer si nécessaire pour protéger les consommatrices et les consommateurs, ainsi que l’environnement.

Pour nos associations, les marques peuvent aller plus loin et doivent prendre des engagements concrets pour réduire la taille de l’emballage des produits épinglés : les actions pour la planète et les consommateur·rices ne s’arrêtent pas aux courriers et aux mots, mais doivent être associées de changements tangibles avec des échéances précises.

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