Mise à jour du 18/11/2020
Parce que vous êtes nombreux·ses à nous solliciter sur les risques pour la santé après avoir consommé ces graines de sésame contaminées et que le Gouvernement reste pour l’instant muet sur la question, nous avons écrit aux ministères de l’Economie et de la Santé pour leur demander de communiquer sur l’évaluation des risques et sur leurs intentions de sanctionner les entreprises contrevenantes. Nous vous tiendrons au courant.
Continuez de signer et partager la pétition exigeant la fin de l’opacité et de l’impunité !
Cela fait deux mois que l’affaire du sésame contaminé enfle. Il faut s’étonner que face à ce nouveau sujet de sécurité sanitaire, une fois de plus, tout le monde semble tomber des nues. Car l’histoire a des allures de déjà-vu, comme lors du scandale de la viande de cheval ou du fipronil : il y a au moins trois similitudes, trois scandales en un.
Cette fois, il s’agit de graines de sésame en provenance d’Inde, contenant des résidus d’oxyde d’éthylène - un désinfectant gazeux, visant entre autres à éviter la formation de moisissures - interdit au sein de l’Union mais que l’on a retrouvé sur des aliments en doses mille fois supérieures à la limite maximale tolérée en Europe, qui est de 0,05 mg/kg. Comme pour le fipronil, c’est la Belgique qui a prévenu ses voisins européens, éberlués. Le réseau d’alerte européen RASFF est limpide : des dizaines de pays en Europe et ailleurs sont désormais concernés. La Commission européenne ne prend pas l’affaire à la légère : « De tels niveaux de contamination représentent un risque grave pour la santé humaine dans l’Union car l’oxyde d’éthylène est classé comme mutagène de catégorie 1B, cancérogène de catégorie 1B et toxique pour la reproduction de catégorie 1B ».
« On ne savait pas », vraiment ?
La contamination des graines de sésame arrivées le plus tranquillement du monde en Europe n’est pas un cas isolé, une erreur de parcours. On peut difficilement dire qu’on ne savait pas. Dans l’affaire qui nous occupe, plusieurs opérateurs en Inde sont épinglés pour avoir exporté ce sésame contaminé. Dans ces pays que l’on appelle pudiquement « tiers », le recours massif à l’oxyde d’éthylène n’est pas un secret. Pour preuve, il ne nous a pas fallu plus de quelques secondes pour trouver sur internet des annonces proposant des stérilisateurs à l’oxyde d’éthylène, machines promettant de faire des miracles contre la chaleur ou l’humidité sur les graines de sésame avant leur export.
Des centaines d’opérateurs concernés et personne n’a songé à inspecter sa chaîne d’approvisionnement ?
Des dizaines de pays touchés et, parce qu’on les utilise souvent en saupoudrage (et donc à peine quelques grammes), ces graines de sésame importées par centaines de tonnes dans leur version contaminée en Europe se sont retrouvées dans des centaines de références de l’industrie agroalimentaire, marques connues, bio et distributeurs. En France, aucune chaîne de supermarché n’y échappe et on voit de nombreux rayons se vider : petits pains, magret de canard, salades, biscuits, etc. Le retrait-rappel est massif. Ces maudites graines de sésame sont partout. Alors comment se fait-il que nulle part en Europe, les fabricants n’aient songé à vérifier leur chaîne d’approvisionnement ? Les plans de contrôle, les autocontrôles existent, surtout chez les gros opérateurs. On peut légitimement penser que certains savaient. Mais seront-ils sanctionnés ? Parions, une fois de plus – comme à chaque scandale -, qu’ils se poseront en victimes alors qu’il leur incombe - c’est une obligation - de s’assurer que les produits qu’ils mettent sur le marché sont conformes à la réglementation.
Face à la gravité de la situation, la Commission européenne a été contrainte de mettre un peu d’ordre. Son règlement d’exécution du 22 octobre 2020 a provoqué un branle-bas de combat dans les Etats membres en fixant à « 50 % la fréquence des contrôles physiques et des contrôles d’identité à effectuer aux frontières de l’Union pour détecter la présence de résidus de pesticides sur les graines de sésame originaires de l’Inde ». Un lot sur deux doit désormais être contrôlé. Résultat ? Qui cherche… trouve ! Et la liste des produits contaminés continue de s’allonger de façon vertigineuse.
L’opacité pour les consommateur·rice·s est une honte
Parce qu’il s’agit d’une question qui touche à la santé publique, les produits contaminés sont rappelés. Ils ne sont pas censés être retirés des rayons en catimini, l’air de rien. C’est pourtant ce qui se passe.
La traçabilité est une obligation qui incombe aux fabricants alimentaires et aux supermarchés pour leurs marques distributeurs mais les discrets retraits des denrées semblent s’opérer dans la honte. Ce samedi, dans les rayons des supermarchés, on a bien constaté que les rayons s’étaient vidés des produits à base de sésame mais l’on y a vu aucun affichage pour nous informer de ce qu’il se passe. On ne sait jamais, on aurait pu avoir encore ces produits contaminés dans notre placard… Le supermarché n’a pas cru bon de rendre l’information disponible : ni en rayons, ni aux abords des caisses ou à l’entrée du magasin, rien sur la page d’accueil de son site.
Sur le site internet de la Répression des fraudes, les informations continuent donc d’arriver au compte-gouttes. C’est une honte. Car la traçabilité est une obligation légale. Les fabricants qui utilisent les graines de sésame contaminées disposent de l’information sur l’origine des ingrédients. Elle devrait être disponible quasi instantanément pour les consommateurs. Au lieu de cela, si l’on veut savoir, il n’y a pas d’autre alternative que de consulter la page Web de la Répression des fraudes encore et encore, tous les jours.
Pour l'application regroupant les rappels que l’on nous promet depuis bientôt trois ans (depuis le scandale du lait infantile à la salmonelle de Lactalis), vous repasserez, messieurs-dames.
Les responsables continueront-ils encore longtemps d’échapper à leurs responsabilités ?
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