Actualités 23.02.2022

Dérivés de pétrole dans nos aliments : derrière le rappel Knorr, une petite révolution ?

C’est une superbe opportunité politique pour enfin bannir de notre alimentation de toxiques dérivés du pétrole, les huiles minérales. La France vient d’obliger le mastodonte Unilever à procéder au retrait et rappel de bouillons Knorr dont foodwatch avait révélé la contamination en décembre dernier. Un signal fort alors que le 28 février, tous les Etats membres de l’Union européenne se réunissent suite à nos révélations sur ces toxiques huiles minérales. L’Europe va-t-elle clarifier la règle et (enfin !) chasser de nos assiettes ces contaminants potentiellement cancérigènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens ? A nous de jouer : rejoignez la mobilisation, signez la pétition.

Huiles minérales : ce qui se joue derrière le rappel de bouillons Knorr

La nouvelle est vraiment énorme. Pourtant, elle tient sur une petite affichette A4 à la poésie toute administrative et au design peu roucoulant. En supermarché, vous êtes peut-être passé juste à côté de ce chamboulement pour l’industrie agroalimentaire sans y prêter la moindre attention. 

Et pour être honnête, on peut comprendre que vous n’ayez pas (encore) sauté de joie. 

Ces références de bouillons Knorr font partie des cinq produits dont foodwatch France révélait, en décembre dernier, la contamination avec de toxiques dérivés du pétrole  : les hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales, les MOAH. 

Quand l’affichette parle de « défaut d'emballage pouvant entrainer la migration de contaminants au-delà des seuils de sécurité acceptables », il faut donc comprendre que ces produits ont été contaminés par des huiles minérales, qui n’ont rien à faire dans notre alimentation. 

Les huiles minérales détectées, les MOAH, peuvent provoquer des cancers, altérer votre patrimoine génétique (caractère mutagène) mais aussi être perturbateurs endocriniens. Toute exposition à travers l’alimentation comporte un risque pour notre santé selon l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et cela, quelle que soit la dose. 

Or, il n’était toujours pas clairement interdit de vendre de la nourriture contaminée aux MOAH… jusqu’à l’apparition de cette petite affiche. Lisez bien. 

Ce rappel a été « imposé par l’administration ».  Est-ce que cela veut dire que tout est réglé ? Loin de là. 

Mais ce rappel est une avancée qui dépasse largement ces bouillons : il pourrait chambouler toute l’industrie agroalimentaire.
 

Léa Nature, Auchan, Fruit d’or… de toxiques dérivés de pétrole trouvés par foodwatch dans de nombreux produits

Le rappel imposé par l’administration française concerne seulement deux références de bouillons Knorr. Mais en décembre 2021, les tests que nous avons menés dans cinq pays d’Europe révélaient la contamination de ces cubes d’Unilever mais aussi, en France, de bouillons Léa Nature et de marque Pouce d’Auchan ainsi qu’une référence de margarine Fruit d’or. 

Notre enquête a également permis de révéler la présence de ces toxiques dérivés du pétrole dans du Nutella en Allemagne, de la pâte à tartiner Milky Way en Autriche ou encore de la pâte à tartiner Bio Delhaize en Belgique.

En tout, sur 152 références testés par foodwatch, un produit sur huit était contaminé avec des huiles minérales. 

Notez que depuis 2015, les enquêtes de notre association ont permis de révéler la présence d’huiles minérales  dans des lots de laits infantiles Nestlé et Danone, des lots de corn Flakes U bio, Monoprix, de paquets de riz Uncle Ben’s, Marque repère, de semoule Ferrero ou Lustucru, du chocolat en poudre Van Houten… 

Ces dérivés du pétrole sont omniprésents dans l’alimentation. Toute l’industrie agroalimentaire est donc potentiellement concernée par ce qui se joue aujourd’hui. 

France, Belgique et Luxembourg impulsent des rappels… mais que fait Unilever avec ses bouillons contaminés ? Action foodwatch

Avec la décision de la DGCCRF de retirer et rappeler les bouillons Knorr, Auchan a procédé le lendemain au « rappel volontaire » de ses bouillons dont nous avions révélé la contamination.

Qu’a fait Léa Nature ? La marque Fruit d’or ? Jusqu’à aujourd’hui, aucun rappel. 

A l’échelle européenne, les autorités belges et luxembourgeoises ont également officiellement rappelé certains produits contaminés : les bouillons cubes Léa Nature en Belgique et la pâte à tartiner Delhaize en Belgique et au Luxembourg.

Rien, par contre, en Allemagne, ni aux Pays-Bas, ni en Autriche. Pour l’instant. 

Et Unilever dans tout cela ? 

La particularité de Knorr, marque du groupe Unilever, c’est que tous ses bouillons de cube que nous avons analysés en laboratoires en 2021 étaient contaminés. Tous, dans les cinq pays de notre étude et parfois, comme en France, à des niveaux de contamination scandaleusement élevés.

Pour préserver la santé des consommateurs, les équipes de foodwatch se sont donc décidées à retirer les bouillons contaminés de rayons. 

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Face à l’inaction d’Unilever, foodwatch retire des rayons les bouillons Knorr contaminés par de toxiques dérivés du pétrole.

28 février : l’Europe va-t-elle (enfin) bannir les dérivés de pétrole de nos assiettes ?

Si, à ce stade de l’article, vous vous dites que la logique de ces rappels ressemble à un grand n’importe quoi, rassurez-vous : vous n’êtes pas seul·e. 

Plus de 73 000 personnes ont déjà rejoint la mobilisation de foodwatch pour une interdiction claire et formelle de vendre de la nourriture contaminée aux huiles minérales. Une interdiction qui serait appliquée dans toute l’Europe, pour toutes les marques et pour toutes les doses de contamination. 

Et vous savez quoi ? Nous pourrions réussir à obtenir cette interdiction. 

En effet, les révélations de foodwatch sur les produits contaminés aux huiles minérales fait l’objet d’une réunion au plus haut niveau de l’Europe le 28 février 2022.

Nous aimerions donc croire que l’affaire est pliée : la dangerosité de ces huiles minérales ne fait aucun doute au sein de la communauté scientifique, la règlementation est censée protéger la santé des consommateurs et consommatrices et des pays montrent des signaux favorables pour (enfin) les bannir de nos assiettes. 

Mais en affaire de politique, rien n’est jamais si facile. 

Votre mobilisation se révèle indispensable. Objectif : mettre un vrai coup de projecteur sur cette réunion, envoyer un signal fort et ainsi éviter une décision reportée, ajournée ou simplement balayée d’un revers de la main. 

Demandez une interdiction immédiate de ces dérivés du pétrole. Signez cette pétition avant de mobiliser votre entourage en relayant et partageant cet article. 
 

C'est quoi le danger des huiles minérales dans notre alimentation ?

Huiles minérales, MOSH, MOAH… de quoi s’agit-il ? En quoi ces dérivés du pétrole sont dangereux pour notre santé ? Que font les entreprises et les pouvoirs publics contre ce fléau ? Un topo de foodwatch pour mieux comprendre cette contamination. 

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