Nitrites dans la charcuterie : l’Anses confirme le lien entre risque de cancer et exposition aux nitrites et nitrates. E249, E250, E251, E252 : il faut les interdire sans tarder
Cela fait deux ans et demi que nous nous battons pour faire interdire les nitrites et nitrates ajoutés dans notre alimentation, avec vous, nombreuses et nombreux signataires de notre pétition et aussi avec le soutien de la Ligue contre le cancer et Yuka, précieux alliés dans cette lutte. La publication de l’avis de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) sur les risques associés à la consommation des nitrites et de nitrates ce 12 juillet était très attendue. Et c’est une très bonne nouvelle !
Plus de temps à perdre pour interdire les nitrites et nitrates ajoutés dans notre alimentation
Dans son rapport , l’Anses recommande notamment :
- de limiter l’exposition alimentaire aux nitrates et aux nitrites via les produits carnés traités en limitant l’utilisation des additifs nitrés ajoutés et en respectant les recommandations de consommation ;
- que la suppression ou la réduction éventuelle de l’usage des nitrates/nitrites soit systématiquement associée à des mesures de maîtrise compensatrices autorisées, validées, surveillées, vérifiées, partagées par les professionnels et par les autorités ;
- d’améliorer l’information des consommateurs concernant l'utilisation d'alternatives à l'emploi des nitrates, nitrites telles que les bouillons de légumes, qui peuvent également être source d’exposition à ces composés.
Depuis novembre 2019, nous tirons la sonnette d’alarme et sommes allés de rebondissements en rebondissements sur ce sujet des nitrites et nitrates ajoutés à l’alimentation, les fameux additifs E249 (nitrite de potassium), E 250 (nitrite de sodium), E251 (nitrate de sodium) et E252 (nitrate de potassium) - particulièrement utilisés dans les viandes transformées comme la charcuterie industrielle.
L’Anses confirme « l’existence d’une association positive entre l’exposition aux nitrates et/ou aux nitrites via la viande transformée et le risque de cancer colorectal »
Les conclusions de l’Anses sont une très bonne nouvelle parce qu’elles confirment que l’on peut et doit agir sur l’exposition de la population à ces risques pour la santé, tout à fait évitables. L’Anses souligne qu’il est tout à fait possible de réduire ou supprimer les nitrites ajoutés, en mettant en place des mesures compensatoires soient mises en place. Comprenez : en s’assurant que le risque sanitaire est maîtrisé. Si on réduit ou supprime les nitrites, par exemple, la date limite de consommation (DLC) sera plus courte. Cela aura un impact pour l’industrie agroalimentaire et aussi sur nos comportements d’achat. Mais cela aura surtout un impact sur notre santé.
Cet avis scientifique majeur de l’Anses vient appuyer la mobilisation lancée par foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka en 2019, les conclusions de la mission parlementaire favorable à une interdiction (2021) et la « loi nitrites » menés par le député Richard Ramos avec un groupe de parlementaires trans-partisans, votée à l’Assemblée nationale en février 2022. Il vient surtout contredire le lobby de la charcuterie, la FICT (Fédération française des industriels charcutiers traiteurs), qui s’époumone depuis trois ans pour faire croire que les nitrites et nitrates ajoutés ne présentent pas de risques sérieux pour la santé, et qui a cherché à bâillonner la mobilisation en attaquant Yuka devant plusieurs tribunaux de commerce.
Nitrites : les réactions ne se sont pas fait attendre
Le gouvernement avait refusé de prendre position, mais avait promis, au moment du vote de la loi à l’Assemblée nationale en février dernier, de prendre en compte l’avis de l’Anses. Dans la foulée de l’annonce du rapport de l’Anses ce 12 juillet, le gouvernement a effectivement annoncé « un plan d’actions coordonné sera mis en place afin d’aboutir à la réduction ou la suppression de l’utilisation des additifs nitrés dans tous les produits alimentaires où cela est possible sans impact sanitaire et cela le plus rapidement possible ».
foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka comptent bien tenir ce plan d’actions à l’œil. Il est hors de question d’accepter de perdre plus de temps ou de se contenter d’engagements volontaires des entreprises, qui créent un marché à deux vitesses : un pour les pauvres et un pour les nantis et informés. Il n’y a qu’une façon de protéger enfin la santé des consommatrices et consommateurs, en appliquant le principe de précaution face aux risques pour la santé : interdire les nitrites et nitrates ajoutés à l’alimentation. Les industriels et la grande distribution prouvent tous les jours dans les rayons des supermarchés qu’ils parviennent à se passer de ces additifs avec de larges gammes « sans nitrites » dont ils se vantent régulièrement dans des publicités, et qu’ils vendent souvent plus cher.
Sans surprise, les lobbies de la charcuterie ne voient toujours pas le problème malgré le risque avéré de cancers et se défaussent de leurs responsabilités. Dans la presse , le président de la FICT, la Fédération des industriels charcutiers-traiteurs, Bernard Vallat, minimise en affirmant que « la France est l’un des pays au monde où il y a le moins de nitrites dans les charcuteries ». La FICT rejette même la faute sur les consommateurs : « C’est comme pour l’alcool ou le sucre, si on est dans l’excès, on s’expose à des problèmes. Or beaucoup de consommateurs sont dans l’excès ». Les industriels ne semblent pas prêts à se remettre en question. Nous ne lâcherons rien.
Comptez sur foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka pour ne rien lâcher. Si ce n’est déjà fait, signez et partagez la pétition pour exiger l’interdiction des nitrites et nitrates ajoutés dans l’alimentation ici :
Questions / Réponses sur les nitrites ajoutés
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