Actualités 13.09.2023

Les enfants, cibles du marketing de la malbouffe : l’heure de l’action politique

foodwatch a enquêté sur des centaines de produits trop gras, trop sucrés, trop salés, commercialisés par les géants de la malbouffe pour les enfants. Résultat : sans surprise, par leur marketing et publicité ciblés, les McDonald's, Nestlé, Unilever, Mondelez, Burger King et autres Lindt incitent les enfants à consommer des aliments mauvais pour leur santé. À rebours du consensus des expert·es de santé, le gouvernement ignore les recommandations d’un encadrement strict de ces pratiques délétères. Plus pour longtemps : les parlementaires se penchent actuellement sur ces questions, et il est temps que les autorités priorisent la santé des enfants, plus que les profits de l’industrie !

Les industriels ont bien compris la manne financière que représentent les jeunes consommateurs et consommatrices : une influence importante sur les choix d’achat de leur foyer, une incapacité à distinguer un contenu informatif d’un contenu publicitaire, des produits alimentaires ancrés dans leurs habitudes alimentaires et une utilisation toujours plus grande des écrans, loin de la vigilance de leurs parents. Les géants de la malbouffe ont musclé leurs stratégies publicitaires invasives : des mascottes rigolotes à la télévision, le quotidien des plus jeunes est aujourd’hui envahi de partenariats avec des influenceurs et leurs stars préférées, de placements de produits sur les réseaux sociaux, d’« advergames » - jeu vidéo qui promeut une marque – et autres publicités. 

J'agis pour mettre fin à ces pratiques

Pub et marketing de la malbouffe : 10 exemples concrets épinglés

Dans une première enquête, foodwatch s’est glissée dans la peau des enfants constamment exposés à cette malbouffe et épingle 10 marques qui utilisent l’univers des enfants pour leur vendre toujours plus de sel, de sucre et de gras. Quelques exemples.

  • Club de plage version malbouffe. Pour ses tournées d’été, Pitch envahit les stations balnéaires avec ses stands de distribution de brioches et appâte les enfants avec ses jeux et structures gonflables. 
  • Zénith de sucre. Hollywood chewing-gum a sponsorisé cette année la tournée de concerts des rappeurs toulousains Big Flo & Oli, adorés des 9/15 ans, avec un jeu-concours devenu viral sur les réseaux sociaux. 
  • Montagnes russes de sel. Bel a noué un partenariat de 10 ans avec Disneyland Paris : ses Kiri Goûter, les Babybel ou la Vache Kiri trop salés pour la santé des enfants sont la vedette de la sortie de plusieurs attractions du parc. 
  • Apéro-gaming. Monster Munch investit deux jeux vidéos favoris des plus jeunes pour promouvoir ses chips : une campagne sur Tik Tok, Discord et YouTube, des partenariats avec des « gamers » et des jeux-concours. 

Je découvre les marques épinglées par foodwatch

Les géants de la malbouffe n’hésitent pas à élaborer des stratégies à la limite de la manipulation afin de s’immiscer au sein des familles et saper les efforts d’éducation alimentaire des parents impuissants face à ces techniques marketing agressives. C’est totalement immoral et irresponsable quand on voit les conséquences de la malbouffe sur la santé des plus jeunes aujourd’hui et pour leur futur.
Audrey Morice Chargée de campagnes foodwatch France

86% des produits vendus pour les enfants mauvais pour leur santé : l’échec des engagements volontaires de l’industrie

Les géants de la malbouffe ont bien tenté, acculés par la pression d’associations comme foodwatch, et pressés par les autorités européennes, de redorer leur image et de s’afficher en entreprises responsables : on vous le donne en mille, c’est du vent. Alors que le gouvernement croit dur comme fer depuis des années à la sacro-sainte auto-régulation de l’industrie agro-alimentaire – comprenez : laisser faire -, foodwatch démontre dans son enquête que ces engagements volontaires ne permettent pas de limiter l’exposition des enfants à la pub et au marketing de la malbouffe. Pire : ils y contribuent directement. 

Ces entreprises – McDonald's, Nestlé, Danone, Mondelez, Burger King ou encore Lindt sont toutes signataires de la charte d’engagement volontaire « EU Pledge » qu’elles ont construit de toutes pièces. Vingt-trois géants de la bouffe se sont engagés à ne plus faire de marketing ciblant les enfants de moins de 13 ans… sauf pour les produits qui respectent des critères nutritionnels qu’ils se sont ont eux-mêmes fixés. Quoi de mieux pour jouer, que de fixer ses propres règles du jeu ? 

Dans une seconde enquête, foodwatch a donc passé au crible 228 produits commercialisés pour les enfants par ces industriels. Sur ces 228 produits, lorsqu’on se réfère aux critères nutritionnels de l’Organisation mondiale de la santé, seuls… dix peuvent être promus auprès des enfants. Tous les autres sont totalement hors des clous au niveau nutritionnel. Près de 90% des aliments et boissons ciblant les enfants examinés par foodwatch ne devraient donc pas faire l’objet de publicité ou de marketing visant les plus jeunes. Ces produits sont trop gras, trop sucrés, ou trop salés et mauvais pour la santé. L’EU Pledge, charte permissive et laxiste, va directement à l’encontre des recommandations des expert·es de santé.  

Les enfants, cibles du marketing de la malbouffe : l’heure de l’action politique

Comment les géants de la malbouffe s'immiscent dans le quotidien des enfants ? Quelles techniques marketing et publicitaires utilisent-ils pour gaver les enfants de sucre, de gras et de sel dans le dos des parents ? Pourquoi est-il temps que le gouvernement encadre ces pratiques délétères pour la santé des plus jeunes ? 

DÉCOUVRIR L'ENQUÊTE COMPLÈTE

La fin du laissez-faire politique : des opportunités à saisir pour protéger la santé des enfants, le gouvernement doit agir

Aujourd’hui en France, il n’existe aucune règlementation contraignante permettant d’encadrer strictement et efficacement le marketing et la publicité de la malbouffe, malgré ses effets délétères prouvés sur la santé des plus jeunes. La stratégie du gouvernement ces dernières années ? Compter principalement sur les engagements volontaires de l’industrie comme l’EU Pledge et sur des campagnes éducatives – vous connaissez bien la rengaine « Mangez, bouger » et autres « Mangez 5 fruits et légumes par jour ». 

Pourtant, les expert·es de santé sont unanimes : ces mesures non-contraignantes sont inefficaces. La restriction du marketing et de la publicité de la malbouffe ciblant les enfants est l’une des mesures phares préconisées par les expert·es pour protéger la santé des enfants et inverser les courbes de l’obésité et du surpoids infantiles. Les chiffres sont alarmants : aujourd’hui en France, 1 enfant sur 6 est en surpoids ou obèse, et une fois adolescent·e a 50 à 70% de probabilités de le rester à l’âge adulte. S’y ajoute une longue liste de risques accrus et graves d’être atteint de diabète de type 2, de maladies cardiaques et divers cancers. L’obésité et le surpoids infantiles peuvent causer des complications de santé (difficultés respiratoires, hypertension artérielle, problèmes psychologiques…etc.) et fragilisent les générations futures face aux crises liées au dérèglement climatique (pollution de l’air, canicule, etc.) amenées à se multiplier.

Ces dernières années, malgré les nombreuses recommandations scientifiques et politiques, le gouvernement a choisi le camp du laisser-faire de l’industrie, et de l’inaction. Les autorités ont sciemment choisi de se laisser bercer par la douce musique des lobbies et ont trop de fois fait barrage à des propositions ambitieuses pour réguler le marketing et la publicité de la malbouffe, outrepassant également les recommandations des parlementaires. 

En matière de régulation, que ce soit en Europe ou dans le monde, la France est mauvais élève et en retard. Des pays comme le Chili ont déjà sauté le pas avec un encadrement strict de la publicité qui cible les enfants et avec une efficacité reconnue. En Europe, l’Angleterre et l’Espagne, ont déjà mis en place cette interdiction de la publicité pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés qui cible les enfants afin de préserver la santé des plus jeunes. L’Allemagne s’y attèle actuellement. Ces pays montrent que protéger la santé des enfants au-devant des profits des industriels est un choix politique possible. Il n’y a aucune bonne raison ne pas passer à l’action.

C’est désormais l’heure de l’action politique : à la rentrée, plusieurs opportunités politiques vont se présenter à ceux et celles qui font les lois. Entre propositions de loi et vote du budget de la Sécurité sociale, les parlementaires et le gouvernement auront les clés législatives en main pour encadrer ces pratiques délétères pour la santé des enfants. Incitons-les à agir, il est temps !