Dans les supermarchés, seule 1 promotion sur 10 porte sur des aliments sains comme les fruits et les céréales complètes, alors que ces produits, souvent trop chers, devraient pouvoir être consommés quotidiennement. À l’inverse, la majorité des promotions concernent des produits mauvais pour la santé. Autrement dit, les distributeurs proposent aux consommatrices et consommateurs de faire des économies sur les produits que les expert·es de santé publique recommandent de limiter. C’est le résultat aberrant d’une enquête menée sur 5 000 promotions alimentaires, par Foodwatch et 6 autres associations. Dans une pétition, nous exigeons plus de promotions sur ces produits sains et durables que trop de gens ne peuvent pas acheter, et la fin du double jeu des distributeurs, qui se prétendent alliés du pouvoir d’achat et du « bien-manger ». Dans un contexte d’opacité des prix alimentaires, ces pratiques sont inacceptables : il est urgent d’agir sur l’offre et l’environnement alimentaires, à commencer par inverser la tendance sur les promotions.
Enquête dans les supermarchés : trop peu de produits bons pour la santé en promotion
Une nouvelle enquête menée par Foodwatch, le Réseau Action Climat, France Assos Santé, la Fédération Française des Diabétiques, La Confédération Syndicale des Familles (La CSF), l'Union nationale des associations familiales (UNAF) et le Collectif National des Associations d'Obèses (CNAO) fait un état des lieux des promotions alimentaires.
En février et mars 2025, nos associations ont passé au crible 40 catalogues promotionnels des 5 plus grandes enseignes de la grande distribution Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché et Lidl. Au total, 4 726 promotions ont été comparées aux recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS 4).
Le résultat est aberrant : la majorité de ces promos ne passe pas le crash test « santé » des recommandations nutritionnelles en matière d’alimentation :
- Seules 12% des promotions portent sur des aliments sains, dont la consommation est à augmenter comme les fruits, les légumes ou les céréales complètes, et que les Français·es ne consomment pas suffisamment ;
- Deux tiers des promotions (66%) concernent des produits trop gras, trop sucrés, trop salés que les expert·es de santé recommandent de limiter, comme les boissons sucrées, la charcuterie ou les biscuits industriels.
Certains produits sont classés dans une catégorie "autres" car les repères alimentaires officiels ne les considèrent ni comme des produits "à augmenter", ni comme des produits "à réduire". Par exemple, les autorités de santé publique recommandent une consommation "suffisante mais limitée" du poisson et des produits laitiers, respectivement 2 par semaine et 2 par jour
L’enquête montre comment, sous couvert de leur proposer des économies, les supermarchés poussent les consommatrices et les consommateurs à acheter des produits mauvais pour leur santé.
- L’écrasante majorité des promotions portant sur des produits dont la consommation est ‘à réduire’ correspond à des aliments ultra-transformés (47%) ou de Nutri-Score D ou E (39%). En cumulé, environ 30% des promotions ciblent la charcuterie et la viande rouge et des plats préparés à base de viande rouge ou de charcuterie.
- 3 promotions sur 5 sont une incitation au volume (type “2+1 offert” ou “lot” ou “% de réduction sur le 2ème produit acheté), alors que seulement 2 sur 5 sont une réduction du prix. Autrement dit, la majorité des promotions ne permet pas de faire des économies, mais incite à acheter et à consommer plus. C’est particulièrement le cas pour les biscuits apéritifs et pour les boissons sucrées.
- Seul 1% des promotions portent sur des produits biologiques bons pour la santé. Pourtant, seul le label bio interdit l'utilisation des pesticides chimiques et la majorité des additifs à risque pour la santé humaine.





Avec leurs promotions, les distributeurs à contre-courant de la santé publique
Avec ces pratiques promotionnelles absurdes, les enseignes de la grande distribution incitent les consommatrices et consommateurs à la surconsommation de produits moins bons pour la santé et l’environnement… tout en se présentant, à longueur de temps, comme des alliées du « bien manger » et de notre pouvoir d’achat.
Or, Aldi, Auchan, Carrefour, Casino, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché, Lidl et Monoprix ont une grande responsabilité : les enseignes décident de ce qu’elles mettent en rayon et à quel prix. Cela vaut pour les promotions, qui est un levier qui influence nos choix de consommation : en France, selon un sondage, c’est 3 personnes sur 5 qui se déclarent influencées par les promos dans leurs décisions d’achat.

Les promotions devraient permettre de faire des économies et d’avoir accès à une alimentation de qualité. Or, les distributeurs orientent les choix des consommatrices et consommateurs vers des produits mauvais pour la santé. Pour Foodwatch, c’est très clair : leur priorité n’est pas l’accès du plus grand nombre à des aliments sains, durables et abordables. Ça doit changer.Chargée de campagnes foodwatch France
Mais, les supermarchés vont aussi à rebours des attentes des consommatrices et consommateurs : selon un sondage du Réseau Action Climat, près de 88% des Français·es sont favorables à ce que les distributeurs proposent en majorité des promotions sur des aliments bons pour la santé. Même, 89% souhaitent que ce soit une obligation pour les supermarchés.
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Inverser la tendance : exiger plus de promos pour des aliments bons pour la santé
Avoir accès à une bonne alimentation réduit les risques pour la santé de maladies cardiovasculaires, de diabète ou encore de cancer. Les maladies liées à l’alimentation sont aujourd’hui responsables de 80 % des décès prématurés par maladies non transmissibles et faute d’action politique, pèsent sur les systèmes de santé publics.
C’est pour cela qu’il est indispensable d’agir sur l’offre et l’environnement alimentaires imposés par les distributeurs – qui influencent largement nos choix de consommation – en commençant par augmenter les promotions pour les produits sains et durables, afin de les rendre plus accessibles au plus grand nombre.
Avec ses partenaires, Foodwatch exige donc des enseignes de la grande distribution qu’elles augmentent à 50% minimum la part de promotions pour des produits que le Programme National Nutrition Santé recommande de consommer davantage, ainsi que la part des produits biologiques (hors ultra-transformation) pour que ces derniers représentent au moins 10% de l’ensemble des produits en promotion.
Agir sur l’offre et l’environnement alimentaires décidés par la grande distribution, c’est aussi faire sauter les verrous de l’opacité et de l’impunité qui règnent sur le système alimentaire. Les pratiques promotionnelles des enseignes sont emblématiques de ce marché à deux vitesses, crée de toutes pièces par les distributeurs, que Foodwatch ne cesse de dénoncer.
Comme trop souvent, les produits les moins chers sont les moins bons pour la santé ; à l’inverse, les aliments sains, qu’on devrait pouvoir consommer au quotidien, sont trop chers pour beaucoup de gens et donc rendus délibérément inaccessibles.
Si d’un bout de la chaîne, les promotions doivent permettre de manger plus sainement et plus durablement, de l’autre, aucune promotion ne doit se faire au détriment de la juste rémunération des productrices et producteurs.
Dans ce contexte d’opacité sur les prix alimentaires, Foodwatch et ses alliés continuent d’agir sur le front politique et réglementaire pour garantir une meilleure répartition de la valeur dans la chaîne du secteur agroalimentaire et demandent :
- Un soutien à la juste rémunération des agricultrices et des agriculteurs, notamment par le renforcement de l’encadrement et des contrôles des négociations commerciales
- Plus de transparence sur les marges des différents acteurs à chaque étape de la construction des prix et un encadrement des marges sur les produits les plus sains et durables
- Des mesures de soutien financier pour permettre aux personnes avec un budget limité d’accéder à une alimentation saine, choisie et durable.
Méthodologie de l’enquête sur les promotions
De février à fin mars 2025, 40 catalogues promotionnels des 5 principales enseignes de la grande distribution – Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché et Lidl - ont été analysés, soit 8 catalogues par enseigne. 4 726 promotions ont été répertoriées et comparées aux recommandations nutritionnelles élaborées par le Programme National Nutrition Santé.
Chaque promotion est classée selon 3 catégories : « à augmenter », « à réduire » et « autres ». Cette catégorisation se base sur l’avis relatif à la révision des repères alimentaires pour les adultes du futur Programme national nutrition santé 2017-2021, en date du 16 février 2017 du Haut Conseil de la Santé Publique (source).

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