Dans une action d’interpellation, foodwatch appelait en début de mois les principaux distributeurs français à mettre fin au marketing et à la publicité ciblant les enfants pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés de leurs marques distributeurs, première étape vers une interdiction stricte et généralisée de ces pratiques. Ce 22 février, foodwatch dévoile le Baromètre des engagements des distributeurs : entre ceux qui n’ont pas daigné répondre et ceux dont les actions sont insuffisantes, on est loin du compte ! Quelques bons élèves sont au-devant de la course et montrent que ces engagements sont possibles. Décryptage.
Baromètre des engagements : les distributeurs peuvent mieux faire !
Pour inciter les distributeurs à s’engager, foodwatch a donné le « top départ » d’une course à l’engagement : plus de 16 000 signatures citoyennes et de nombreux échanges avec les distributeurs plus tard, l’équipe foodwatch a passé à la loupe les engagements pris – et ceux qui restent à prendre – par les principaux distributeurs français pour protéger les enfants d’un marketing agressif pour leurs produits trop gras, trop sucrés, trop salés.
Baromètre des engagements des distributeurs, dernière mise à jour le 28/02 à 17h
Ils prennent des engagements volontaires sérieux
Ces distributeurs ont pris des engagements sérieux, une première étape nécessaire pour réduire l’impact du marketing de la malbouffe sur les enfants:
Biocoop
Depuis 2017, le réseau de magasins bio spécialisés s’est engagé à ne produire « aucune publicité visant à instrumentaliser les enfants ». Un engagement à saluer : d’autres devraient suivre l’exemple !
Intermarché
Le groupement Les Mousquetaires, qui possède Intermarché, s’est engagé à mettre fin à la publicité ciblant les moins de 16 ans et à modifier la recette et le packaging de ses produits distributeurs trop gras, trop sucrés, trop salés afin que le marketing de la malbouffe ne cible plus les enfants : une victoire et un pas en avant important !
LIDL
En mars 2023, Lidl mettra fin à la publicité ciblant les enfants pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés de ses marques distributeurs et avant 2025, il cessera le marketing ciblant les enfants pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés de ses marques distributeurs. Seuls les produits équilibrés pourront faire l’objet d’une publicité ou d’un marketing ciblant les enfants. Si c’est un premier pas très important, Lidl a tout de même annoncé des exceptions pour Pâques, Halloween et Noël, ce sur quoi foodwatch restera vigilant.
Ils prennent des engagements volontaires insuffisants
D’autres distributeurs ont pris des engagements volontaires insuffisants, qui ne protègent pas vraiment la santé des enfants. Nombre d’entre eux ont souligné les efforts faits pour améliorer leur responsabilité sociétale, alors qu’ils vendent encore des produits trop gras, trop sucrés, trop salés avec des techniques marketing ciblant les enfants. Ces actions ne répondent donc pas directement à l’urgence d’interdire le marketing et la publicité ciblant les enfants. Aucune ne reprend l’intégralité des recommandations nutritionnelles de l’Organisation mondiale de la Santé. Les distributeurs doivent aller plus loin !
ALDI
Après des semaines de silence total, votre mobilisation et les nombreuses interpellations d’Aldi dans la presse ont eu raison du distributeur, qui a fini par réagir et répondre à notre courrier, entrant enfin dans la course. La bonne nouvelle, c’est qu’Aldi ne fait pas de publicité pour la malbouffe ciblant les enfants : c’est un premier pas important, mais ce n’est pas suffisant. Dans les rayons d’Aldi, on trouve des aliments trop gras, trop sucrés, trop salés avec un emballage spécialement conçu pour donner envie aux enfants de les consommer : les recommandations de l’OMS ne sont pas respectées !
Leclerc
Dans son courrier adressé à foodwatch, Leclerc a mis en avant l’amélioration des recettes des produits de sa gamme distributeur, son engagement en faveur du Nutri-Score et l’arrêt de la distribution des prospectus… une réponse un peu à côté de la plaque ! Malgré nos demandes de rendez-vous, c’est malheureusement radio silence chez Leclerc !
Auchan
« Goûter parfait pour la rentrée », « Supplément plaisir » ou gammes « Less Sugar et Gluten free » : voici les actions prises par Auchan, mais pour foodwatch, rien de sérieux sur le front du marketing qui cible les enfants. Notre petite équipe leur a donné rendez-vous début mars pour qu’ils prennent des engagements sérieux !
Carrefour
Carrefour souligne les actions prises pour réduire la teneur en sucre et en sel de ses produits distributeurs : incité à aller plus loin, Carrefour s’est engagé à revenir vers notre petite équipe pour étudier plus sérieusement les demandes formulées par notre association. A suivre donc.
- L’équipe foodwatch a eu des échanges téléphoniques avec Carrefour
Système U
Système U a d’abord mis en avant ses derniers engagements RSE, portant notamment sur l’amélioration nutritionnelle de ses produits. Après plusieurs échanges, le distributeur s’est engagé à inscrire le sujet à l’ordre du jour de son prochain comité RSE fin mars, pour aller plus loin : nous attendons de pied ferme leur retour et espérons que des engagements sérieux et ambitieux seront pris pour protéger la santé des enfants !
Casino
Le groupe Casino ne fait pas de publicité à destination des enfants, mais commercialise une gamme de produits ciblant spécifiquement les enfants : Doodingues, dans laquelle, selon les critères de l’OMS, on trouve des produits trop gras, trop sucrés, trop salés qui ne devraient pas fait l’objet d’un marketing enfantin utilisant des petites mascottes au-devant de leurs emballages. A supprimer !
Monoprix
Monoprix a analysé sa gamme distributeur et identifié les produits trop gras, trop sucrés, trop salés faisant l’objet d’un marketing ciblant les enfants. Sur ces produits, Monoprix s’est engagé à cesser la publicité et à étudier la possibilité de mettre fin aux emballages rigolos ciblant les enfants : si la réflexion va dans le bon sens, nous attendons des engagements fermes !
Ils ne répondent pas et ignorent les citoyen·nes mobilisé·es et la santé des enfants
Restés sur la ligne de départ, ces distributeurs ne se sentent visiblement pas concernés par la santé des enfants : s’en inquiètent-ils réellement ?
Cora et Leader Price n’ont donné aucune réponse à notre courrier, à nos emails et à nos propositions de rendez-vous. Surtout, ils n’ont pas jugé nécessaire de répondre à l’interpellation de plus de 16 000 citoyen·nes. C’est très grave car on parle là d’un enjeu de santé publique, dans lequel ces distributeurs ont un rôle à jouer. Ils commercialisent en effet dans leur gamme distributeur des produits trop gras, trop sucrés, trop salés qu’ils promeuvent directement auprès des enfants.
Ensemble, continuons à secouer les distributeurs ! Notre mobilisation les agace, car elle les met face à leurs responsabilités et exposent le décalage entre leur communication et la réalité de leurs actions pour protéger la santé des enfants.
Vers une règlementation encadrant le marketing de la malbouffe ciblant les enfants
Interpeller les distributeurs n’est qu’une étape dans le combat pour interdire ces pratiques : seule une règlementation contraignante permettra de bannir le marketing et la publicité de la malbouffe ciblant les enfants.
Les pouvoirs publics se réfugient derrière l’auto-régulation de l’industrie agroalimentaire. Le Baromètre des engagements de foodwatch le prouve : la majorité des distributeurs se cache derrière un éventail de mesures hors sujet et ne prennent pas d’engagements sérieux pour protéger la santé des enfants. La bonne volonté des industriels n’est donc pas suffisante. foodwatch le demande depuis plusieurs années déjà : le gouvernement doit prendre ses responsabilités et légiférer !
Une interdiction stricte réduirait durablement et efficacement l’exposition des enfants à des produits alimentaires dangereux pour leur santé. Il s’agirait d’interdire toute forme de message publicitaire et activité promotionnelle (incluant sponsoring, placement de produit et promotion) ciblant les enfants de moins de 16 ans pour des produits alimentaires et des boissons trop riches en sucre, sel et/ou matières grasses, sur tout support de communication (télévision, site web, réseaux sociaux, jeux vidéo, étiquetage, etc.).
Ce ne serait pas une première : plusieurs États à travers le monde, comme le Chili ou le Royaume-Uni, ont d’ailleurs suivi l’avis des expert∙es en légiférant sur le sujet : ces encadrements ont eu des impacts positifs scientifiquement avérés sur la santé des enfants. L’Allemagne semble emboiter le pas, l’Espagne aussi - la France doit suivre le mouvement pour enfin protéger activement la santé des enfants !
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