Actualités 16.05.2025

Huiles minérales toxiques  : une réglementation européenne à coté de nos assiettes

Nouvelle révélation de Foodwatch dans le dossier de la contamination de l’alimentation par des huiles minérales toxiques. Après 10 ans de campagne, la règlementation européenne que nous attendons de pied ferme est au cœur d’un bras de fer. Au lieu d’une réglementation claire et protectrice, la proposition actuelle est excessivement complexe et difficile à appliquer – mettant en danger la sécurité des consommatrices et consommateurs. Derrière cette volonté d’affaiblir de la loi, des documents internes de l’Union européenne obtenu par Foodwatch révèlent le lobbying de l’industrie, les désaccords entre États membres et l’opacité de la France sur ce dossier.  

Des documents officiels obtenus grâce à la transparence de l’UE

En février 2025, à la suite d’une demande officielle d’accès à l’information, Foodwatch a obtenu plus de 30 documents internes de l’UE relatant les échanges entre la Commission européenne et huit États membres : la France, la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie et l’Irlande. Ces documents mettent en évidence des désaccords persistants sur la manière d’éliminer la contamination des aliments par les huiles minérales – et révèlent une forte pression de certains secteurs industriels.  

Une récente alerte sanitaire émise par les Pays-Bas a révélé que de l’huile d’olive espagnole dépassait de 26 fois la limite temporaire de contamination par les huiles minérales. Cet incident illustre l’urgence d’adopter une réglementation européenne forte pour protéger les consommateurs. 

Entre-temps, les législateurs européens se sont réunis les 6 et 7 mai 2025 pour poursuivre les négociations sur le projet de règlement. Si rien n’a encore fuité de ces échanges, une chose est sûre : il n’y a pas de temps à perdre, et la pression citoyenne reste cruciale pour garantir une réelle protection des consommateurs. 

Une réglementation volontairement inapplicable ?

Prenons l’exemple d’un produit composé de nombreux ingrédients, comme un cookie au chocolat et aux noix : chaque ingrédient est censé respecter des limites différentes pour les huiles minérales, et les autorités doivent ensuite calculer laborieusement une limite maximale pour le produit final à partir des informations (limitées) présentes sur l’étiquette. Cette approche semble impraticable.  

Toutefois, selon les documents obtenus, certains États membres – comme l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg – partagent les inquiétudes de Foodwatch : la proposition de la Commission est trop complexe, impose une lourde charge aux autorités de contrôle, entraîne des incertitudes juridiques et complique l’application. Pour Foodwatch, une proposition plus simple, basée sur la teneur en matières grasses des produits, serait bien plus efficace. 

5 documents ont été échangés entre la France et la commission européenne en 2024, le gouvernement est donc à l’œuvre sur ce dossier. Pourtant, à l’inverse des autres pays, la France a refusé à Foodwatch l‘accès aux documents. Un refus qui s’ajoute à l’absence de réponse au courrier envoyé par Foodwatch en novembre 2024 afin que le ministère de l’agriculture nous fasse part de la position officielle de la France dans ce dossier.  

Nous avons demandé au ministère de l’Agriculture, en charge de ce type de vérification, de nous donner accès aux documents, de nous faire part de la position officielle de la France sur le sujet et de nous expliquer concrètement comment la méthode proposée actuellement est appliquée    

L’opacité dont fait preuve le ministère de l’agriculture sur le dossier est des plus inquiétant. Cela pourrait jeter de l’huile sur le feu si la réglementation européenne finale ne protège pas correctement les citoyennes et les citoyens.   

Pressions des lobbies : les consommatrices et les consommatrices en payeront-ils le prix ?

De leur côté, l’Italie et l’Espagne semblent fortement influencées par les producteurs d’huile d’olive, demandant des dérogations avec des limites maximales élevées et de longues périodes de transition. Les autorités italiennes ont même transmis à la Commission les positions complètes de l’industrie. Au moins, à l’inverse de la France cette position est assumée et transparente.  

Même si pour Foodwatch : pas d’exemptions ! Le problème de la contamination est connu depuis des années, et l’industrie sait ce qu’elle doit faire. Lors des derniers tests menés par Foodwatch en 2021, 7 produits sur 8 étaient exempts de MOAH détectables. Preuve que l’industrie peut commercialiser des produits sans MOAH. 

Plus de 230 000 personnes ont déjà signé les demandes de Foodwatch : les responsables européens doivent agir pour la protection des consommatrices et des consommateurs – et non pour les intérêts de certains lobbies. 

C'est quoi le danger des huiles minérales dans notre alimentation ?

Huiles minérales, MOSH, MOAH… de quoi s’agit-il ? En quoi ces dérivés du pétrole sont dangereux pour notre santé ? Que font les entreprises et les pouvoirs publics contre ce fléau ? Un topo de foodwatch pour mieux comprendre cette contamination. 

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